Si elle n'était pas la première banque à exploiter les informations des transactions de ses clients à des fins d'analyse économique, CaixaBank est une des dernières qui non seulement maintient ses efforts mais encore enrichit son offre en la matière : elle partage désormais des statistiques de consommation à l'échelle des villes.
Alimenté à partir de données agrégées et anonymisées collectées via la tenue des comptes de ses clients, les retraits sur ses distributeurs automatiques et les paiements effectués sur ses terminaux d'encaissement, le portail de suivi de l'économie espagnole « en temps réel » (en réalité, mois par mois) s'attachait initialement à la mesure des inégalités sociales, à laquelle se sont ensuite ajoutées les études sur les dépenses touristiques puis, à partir de 2022, une vue globale de la consommation domestique.
C'est donc cette dernière qui fait l'objet des récentes évolutions. En sus des différents axes de recherche existants – transactions en boutique ou en ligne, sélection par domaine commercial (biens de première nécessité, transport, restauration, culture…) ou par province –, elle comprend maintenant une option de filtrage et de comparaison par commune, les 200 plus grandes (celles qui comptent plus de 35 000 habitants, de manière à respecter l'anonymat dans toutes ses dimensions) étant couvertes.
La plate-forme renforce de la sorte son utilité pratique, pour ses utilisateurs actuels et, potentiellement, pour une nouvelle catégorie de population. Pour les organisations de portée nationale ou régionale, par exemple, elle introduit la possibilité d'affiner leurs réactions, voire leurs stratégies, selon les particularités de telle ou telle localité, tandis qu'elle procure des données plus précises qui intéresseront particulièrement les municipalités ainsi que les petits commerçants et autres artisans de proximité.
J'ai voulu profiter de cette actualité de CaixaBank pour voir où en étaient les initiatives similaires que le groupe BPCE avait lancées en France il y a quelques années (vers 2019), dans le contexte d'une démarche de publication de données ouvertes. Malheureusement, il semblerait qu'elles aient été abandonnées. Plus généralement, au vu des dates de mises à jour indiquées, je soupçonne que l'ensemble de son dispositif a subi le même sort, probablement dans le sillage d'un changement de dirigeant…
Peut-être les nouveaux responsables ont-ils décidé d'arrêter une activité qui n'avait pas de modèle économique direct, ce qui serait dans l'air du temps mais s'avérerait être un choix à courte vue et, surtout, un abandon (une trahison ?) d'une mission de service à la collectivité adaptée à son statut de banque mutualiste. À moins que les usages n'aient été considérés trop faibles pour prolonger le projet, auquel cas la persévérance dont fait preuve CaixaBank, qui laisse penser que son approche a conquis une audience, tendrait à montrer que des ajustements pouvaient être envisagés afin de réussir.
En prenant du recul, j'ai l'impression que toute la tendance qui a émergé à un moment donné – à la grande époque des « big data » puis de la « data science » – visant à exploiter les données bancaires à des fins plus ou moins commerciales s'est quasiment évaporée et laisse sa place aux applications de l'intelligence artificielle (qui reposeront évidemment sur les mêmes sources). Dommage pour les entreprises, organismes publics, clients… qui commençaient à apprécier ce trésor sous-estimé.
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