Car même si les banques ont actuellement un déficit d'image, même si l'argent ne semble pas être un sujet "sexy" et même si "les gens" ont autre chose à faire dans la vie que de participer aux innovations d'une entreprise, CommBank a réussi à recueillir 550 idées – soit plus de 5 par jour – dont 135 ont été commentées, par près de 250 internautes, pour les enrichir ou, plus simplement, les soutenir.
Bien entendu, ces chiffres sont impressionnants mais vous vous demandez certainement si la qualité est au rendez-vous. Là encore, la réponse est oui, indiscutablement. Et il suffit de compter le nombre d'entre elles, plusieurs dizaines, qui ont été promues "acknowledged" (leur faisabilité va être évaluée) par les représentants de la banque pour comprendre que ceux-ci sont plutôt satisfaits des résultats.
L'idée gagnante, bien qu'intéressante, n'est pas ma préférée. Elle rapportera néanmoins 10 000 AUD à son auteur, un étudiant de 22 ans. Intitulée "Electronic Receipts", elle suggère, avec quelques autres propositions proches, d'intégrer les reçus de dépenses, de plus en plus souvent dématérialisés, aux relevés de compte en ligne. Le principe évoque les récentes évolutions de l'offre de OneReceipt, dont je reparlerai probablement bientôt.
Il faut d'ailleurs bien avouer que bon nombre de soumissions correspondent à des services et/ou produits existants dans d'autres banques, en Australie ou dans le monde. Sont ainsi évoqués, notamment, le dépôt de chèque sur mobile (comme chez Chase et USAA aux Etats-Unis), l'épargne des centimes sur les arrondis de dépenses (comme le programme "Keep the Change" de Bank of America), la gestion de finances personnelles (PFM), voire même la mise à disposition d'APIs pour les développeurs, telle qu'on vient juste de la voir apparaître (au Crédit Agricole et chez Axa Banque).
Au minimum, ces suggestions permettent d'évaluer l'intérêt des participants pour ces nouveaux services, tout en démontrant au passage la capacité des idées à circuler à grande vitesse sur la planète, dans le domaine bancaire comme dans les autres...
Mais une multitude de propositions tout à fait originales sont également présentées sur la plate-forme, dont voici une liste de celles qui ont le plus retenu mon attention, après un rapide survol d'une centaine d'entre elles :
- Le choix du public (avec 58 votes) va actuellement à "CommAged", qui suggère de créer dans les agences un guichet prioritaire pour les personnes âgées (comme il peut exister des caisses prioritaires dans les grandes surfaces), d'autant plus important qu'elles constituent les populations les moins susceptibles d'utiliser les canaux de self-service.
- Un accès rapide et gratuit à des spécialistes, par exemple de la gestion de patrimoine, pour des conseils élémentaires ne nécessitant pas la souscription d'un (coûteux) service de banque privée. L'auteur de l'idée la résume très bien par une comparaison, dénotant son inspiration par un secteur très éloigné de la finance : il s'agirait de créer le Genius Bar des Apple Stores dans les agences bancaires.
- La création d'applications et de services en ligne différenciés par groupes d'âge : depuis les jeux éducatifs pour les enfants jusqu'aux outils "simplifiés" pour les seniors, en passant par des actions de sensibilisation à la gestion de finances personnelles pour les adolescents, une mise en avant de l'épargne (entre autres) pour les jeunes adultes et les plates-formes riches existantes pour les 30-50 ans.
- Une gestion de budget qui soit capable de réellement dégager des tendances futures, voire de prévoir finement les rentrées d'argent et les dépenses à venir. A l'ère de l'analyse prédictive arrivant dans toutes les grandes entreprises, cela devrait bien être faisable, non ?
- La mise en place d'un système d'authentification universelle, géré par la banque (qui en assure la sécurité) et permettant de se connecter à tous les sites web sans avoir à se rappeler d'une pléthore de mots de passe.
S'il en fallait encore une preuve, IdeaBank donne un parfait exemple d'une initiative d'innovation ouverte parfaitement menée (l'animation du site est particulièrement soignée) et illustre magistralement les résultats qu'il est possible d'en tirer. Après cette première étape dans une démarche inscrite dans la durée, CommBank peut être relativement confiante en son avenir. Et pour toutes les banques qui ne se sentent pas capables de reproduire ce modèle, n'oubliez pas que des dizaines d'idées sont accessibles publiquement et ne demandent qu'à être implémentées !
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