La presse se fait aujourd'hui largement l'écho des attaques que portent les startups de la FinTech vers tous les métiers de la banque. Dans un court article pour Bank Innovation, Bernard Lunn prolonge cette perspective en montrant comment il serait désormais possible de fonder un établissement (presque) universel, sans licence…
L'idée prend un relief particulier si on se souvient que, il y a quelques jours à peine, le même auteur traitait des premiers signes visibles d'une atomisation des services financiers. Alors, incohérence ? Au contraire, ce nouvel opus constitue une suite logique du précédent (que j'esquissais dans mes commentaires sur celui-ci) : si l'éclatement de la banque a déjà commencé, la ré-aggrégation de l'offre interviendra dans un second temps et son résultat sera très différent de ce que nous connaissons actuellement.
Examinons donc une à une les étapes de construction de cette startup en kit. La brique principale est un statut d'établissement de paiement (en Europe, ou son équivalent ailleurs dans le monde), beaucoup plus facile et moins coûteux à obtenir qu'une licence bancaire. Il s'agit du socle de base, représentant l'équivalent d'un compte courant. Deuxième acte, en arrière-plan, il faudra certainement adosser le modèle à une banque capable – d'un point de vue réglementaire – de conserver les dépôts des clients.
Ajoutons à ces fondations une composante de crédit, qui sera matérialisée par l'intégration d'une (ou plusieurs) plate(s)-forme(s) de crowdfunding existante(s), en mettant à profit les API que celles-ci déploient justement dans ce but. Il se trouve par ailleurs que ces mêmes solutions constituent simultanément des produits d'épargne ou d'investissement pour les clients ayant des fonds disponibles. Et cette seconde facette de la finance participative est celle qui justifiera le plus de multiplier les fournisseurs…
Si une partie des besoins de placements est prise en charge par ces outils, elle pourra également être complétée par le recours à un « robo-advisor » dont les conseils automatisés remplaceront avantageusement les produits d'investissement traditionnels. Petite complication, dans ce cas : peu de fournisseurs, à ce jour, publient des API et l'effort d'intégration sera donc plus conséquent. Heureusement, cette lacune est vraisemblablement temporaire et l'obstacle ne devrait pas être critique.
Enfin, pour parachever l'ouvrage, il restera à mettre en place une expérience utilisateur exceptionnelle. Celle-ci devra d'abord réussir à assembler ces éléments disparates au sein d'un édifice homogène. Puis il faudra encore parvenir à dépasser les standards en la matière, de manière à créer la différence – probablement en focalisant l'attention sur les besoins des clients, jusqu'à l'obsession – qui, seule, permettra de conquérir un marché significatif et rendra le concept viable à long terme.
Bien que l'exercice soit accessible à des startups, et que celles-ci soient les plus susceptibles de s'y frotter, il est aussi à la portée des grandes banques. Si les deux s'affrontent sur ce terrain, les forces seront finalement équilibrées : les premières ont l'avantage (classique) de l'agilité et de la rapidité d'exécution, tandis que les secondes peuvent capitaliser sur la confiance de leurs clients et disposent des ressources nécessaires. Mais lesquelles se lanceront avant les autres ?
L'idée prend un relief particulier si on se souvient que, il y a quelques jours à peine, le même auteur traitait des premiers signes visibles d'une atomisation des services financiers. Alors, incohérence ? Au contraire, ce nouvel opus constitue une suite logique du précédent (que j'esquissais dans mes commentaires sur celui-ci) : si l'éclatement de la banque a déjà commencé, la ré-aggrégation de l'offre interviendra dans un second temps et son résultat sera très différent de ce que nous connaissons actuellement.
Examinons donc une à une les étapes de construction de cette startup en kit. La brique principale est un statut d'établissement de paiement (en Europe, ou son équivalent ailleurs dans le monde), beaucoup plus facile et moins coûteux à obtenir qu'une licence bancaire. Il s'agit du socle de base, représentant l'équivalent d'un compte courant. Deuxième acte, en arrière-plan, il faudra certainement adosser le modèle à une banque capable – d'un point de vue réglementaire – de conserver les dépôts des clients.
Ajoutons à ces fondations une composante de crédit, qui sera matérialisée par l'intégration d'une (ou plusieurs) plate(s)-forme(s) de crowdfunding existante(s), en mettant à profit les API que celles-ci déploient justement dans ce but. Il se trouve par ailleurs que ces mêmes solutions constituent simultanément des produits d'épargne ou d'investissement pour les clients ayant des fonds disponibles. Et cette seconde facette de la finance participative est celle qui justifiera le plus de multiplier les fournisseurs…
Si une partie des besoins de placements est prise en charge par ces outils, elle pourra également être complétée par le recours à un « robo-advisor » dont les conseils automatisés remplaceront avantageusement les produits d'investissement traditionnels. Petite complication, dans ce cas : peu de fournisseurs, à ce jour, publient des API et l'effort d'intégration sera donc plus conséquent. Heureusement, cette lacune est vraisemblablement temporaire et l'obstacle ne devrait pas être critique.
Enfin, pour parachever l'ouvrage, il restera à mettre en place une expérience utilisateur exceptionnelle. Celle-ci devra d'abord réussir à assembler ces éléments disparates au sein d'un édifice homogène. Puis il faudra encore parvenir à dépasser les standards en la matière, de manière à créer la différence – probablement en focalisant l'attention sur les besoins des clients, jusqu'à l'obsession – qui, seule, permettra de conquérir un marché significatif et rendra le concept viable à long terme.
Bien que l'exercice soit accessible à des startups, et que celles-ci soient les plus susceptibles de s'y frotter, il est aussi à la portée des grandes banques. Si les deux s'affrontent sur ce terrain, les forces seront finalement équilibrées : les premières ont l'avantage (classique) de l'agilité et de la rapidité d'exécution, tandis que les secondes peuvent capitaliser sur la confiance de leurs clients et disposent des ressources nécessaires. Mais lesquelles se lanceront avant les autres ?
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