L'EFMA vient de publier la septième édition de son enquête annuelle sur l'innovation dans la banque, compilée à partir des réponses de 140 établissements, répartis dans 70 pays dans le monde. Parmi les thèmes qui y sont abordés, un article des Echos a particulièrement attiré mon attention sur celui de la « disruption » du secteur financier.
Un chapitre entier du rapport est en effet consacré à ce sujet, ainsi qu'aux relations des institutions financières avec les startups. Or, la première question posée aux personnes interrogées dans ces domaines – à quel point les technologies proposées (mobilité, big data, API ouvertes, internet des objets, social, crypto-devise et cloud) sont-elles disruptives pour la banque de détail ? – aboutit à des résultats tout à fait étonnants, qui trahissent un décalage persistant des perceptions avec la réalité du monde « digital ».
C'est ainsi la mobilité qui est la plus fréquemment citée par les sondés (à hauteur de 59%). Bien entendu, je suis le premier à défendre l'idée que la génération actuelle d'applications bancaires est encore trop calquée sur les services en ligne et qu'une autre vision est nécessaire, plus centrée sur les usages spécifiques du smartphone. Malgré tout, la rupture a déjà eu lieu, avec l'explosion de l'adoption par les consommateurs, et il est donc étrange de considérer qu'elle est toujours d'actualité en 2015 !
A contrario, presque à l'autre bout de l'échelle, les crypto-devises ne sont vues comme disruptives que par 31% des personnes interrogées. Pourtant, s'il existe bien un potentiel de révolution majeure du secteur financier, ce sont incontestablement le bitcoin et la blockchain qui l'incarnent aujourd'hui. Il reste (naturellement) permis d'avoir des doutes sur l'avenir de ces concepts mais les impacts imaginables sur les métiers de la banque sont considérablement plus importants que ceux des autres technologies…
Un chapitre entier du rapport est en effet consacré à ce sujet, ainsi qu'aux relations des institutions financières avec les startups. Or, la première question posée aux personnes interrogées dans ces domaines – à quel point les technologies proposées (mobilité, big data, API ouvertes, internet des objets, social, crypto-devise et cloud) sont-elles disruptives pour la banque de détail ? – aboutit à des résultats tout à fait étonnants, qui trahissent un décalage persistant des perceptions avec la réalité du monde « digital ».
C'est ainsi la mobilité qui est la plus fréquemment citée par les sondés (à hauteur de 59%). Bien entendu, je suis le premier à défendre l'idée que la génération actuelle d'applications bancaires est encore trop calquée sur les services en ligne et qu'une autre vision est nécessaire, plus centrée sur les usages spécifiques du smartphone. Malgré tout, la rupture a déjà eu lieu, avec l'explosion de l'adoption par les consommateurs, et il est donc étrange de considérer qu'elle est toujours d'actualité en 2015 !
A contrario, presque à l'autre bout de l'échelle, les crypto-devises ne sont vues comme disruptives que par 31% des personnes interrogées. Pourtant, s'il existe bien un potentiel de révolution majeure du secteur financier, ce sont incontestablement le bitcoin et la blockchain qui l'incarnent aujourd'hui. Il reste (naturellement) permis d'avoir des doutes sur l'avenir de ces concepts mais les impacts imaginables sur les métiers de la banque sont considérablement plus importants que ceux des autres technologies…
À des positions plus « normales », nous retrouvons l'analyse de données et big data (en deuxième position, avec 57% de réponses) et les API (troisième, avec 53%). Ces dernières – qui sont effectivement très perturbantes pour des entreprises peu habituées à ouvrir leurs systèmes – bénéficient probablement d'un surcroît d'attention ces derniers mois en raison de l'arrivée de la nouvelle directive européenne des services de paiement (PSD2), qui va en imposer la mise en œuvre dans les banques.
Autour des données, les usages envisagés réservent une petite surprise puisqu'ils sont focalisés (pour plus de la moitié des répondants) sur la connaissance des clients (sur différents plans, en interne et à travers les médias sociaux) tandis que les applications dans la lutte contre la fraude et la gestion des risques sont reléguées au second rang. Ce choix est intéressant, mais il ne sera réellement disruptif que si la technologie est mise au service d'une logique de service rendu et non plus seulement de vente.
En conclusion, l'étude de l'EFMA laisse planer une certaine inquiétude sur la capacité des banquiers à appréhender les véritables ruptures qui les menacent. Leurs positions peuvent donner à penser qu'ils ne voient – en tout cas pour une majorité d'entre eux – des transformations à venir que d'ordre incrémental (sur mobile, dans l'analyse de données…), ce qui est évidemment à l'opposé absolu de la notion de disruption. Voilà peut-être encore une occasion manquée de se remettre en question…
Autour des données, les usages envisagés réservent une petite surprise puisqu'ils sont focalisés (pour plus de la moitié des répondants) sur la connaissance des clients (sur différents plans, en interne et à travers les médias sociaux) tandis que les applications dans la lutte contre la fraude et la gestion des risques sont reléguées au second rang. Ce choix est intéressant, mais il ne sera réellement disruptif que si la technologie est mise au service d'une logique de service rendu et non plus seulement de vente.
En conclusion, l'étude de l'EFMA laisse planer une certaine inquiétude sur la capacité des banquiers à appréhender les véritables ruptures qui les menacent. Leurs positions peuvent donner à penser qu'ils ne voient – en tout cas pour une majorité d'entre eux – des transformations à venir que d'ordre incrémental (sur mobile, dans l'analyse de données…), ce qui est évidemment à l'opposé absolu de la notion de disruption. Voilà peut-être encore une occasion manquée de se remettre en question…
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