Revenues de leurs appréhensions initiales vis-à-vis des entrepreneurs qui affirmaient vouloir renverser leurs pratiques d'un autre âge, les institutions financières ne jurent plus désormais que par les opportunités de collaborer avec les startups de la FinTech. Beau programme, mais que proposent-elles exactement d'apporter dans la balance ?
Depuis plusieurs mois, les grands discours sont de sortie : point de salut pour la FinTech hors d'un rapprochement avec les banques ! Je l'ai déjà écrit, je ne crois pas que ce soit là le dernier mot de la disruption attendue. Toutefois, il est effectivement probable que cette approche se développe et devienne, à terme, une composante pérenne du paysage de la finance. Or, dans cette hypothèse, se pose la question de la valeur que retireront les nouveaux entrants d'un partenariat avec tel ou tel établissement.
En effet, si une relation étroite avec une jeune pousse est susceptible d'offrir des bénéfices clairement identifiés aux acteurs historiques (intégration accélérée de produits ou services innovants, apport d'une vision différente sur les métiers, introduction d'une culture d'agilité…), les termes du contrat peuvent se révéler plus difficiles à matérialiser dans le sens inverse. Promettre une expertise réglementaire, un socle de services de base, des processus rigoureux… est une chose, les délivrer en est une autre.
Imaginons, par exemple, le cas (hypothétique) d'une startup souhaitant développer une solution originale et ayant besoin, pour ce faire, de s'appuyer sur une infrastructure de compte courant existante (afin de ne pas dissiper toute son énergie à obtenir une licence et recréer un système sans valeur ajoutée pour son activité). Quelle banque est aujourd'hui capable de fournir ce service – clés-en-main, éprouvé et robuste, aisé et rapide à intégrer – à une entreprise tierce ? Je crains qu'il n'en existe que très peu.
Même dans le registre du partage d'expertise, il n'est pas certain que les spécialistes d'une grande banque soit toujours à même d'intégrer les paramètres spécifiques d'une petite structure, en pleine croissance, dans les conseils qu'ils prodigueront. En d'autres termes, miser sur la collaboration avec la FinTech ne s'improvise pas, il s'agit au contraire d'un choix stratégique, qui doit donc se préparer minutieusement (après en avoir d'abord défini les principes généraux et les objectifs visés).
À défaut, nous continuerons à voir les jeunes pousses multiplier les expérimentations et autres pilotes avec les grands groupes qui les courtisent sans relâche. Elles profiteront peut-être des programmes de mentorat, voire des aides financières qui accompagnent parfois les initiatives. Mais, au bout du compte, elles ne parviendront à mettre en place que des solutions « hors-sol » qui ne démontrent rien et ne débouchent jamais en production, parce que, quoi qu'il arrive, les fondations sont absentes.
Non seulement ces pseudo-collaborations sont-elles irrémédiablement vouées à l'échec, au préjudice de toutes les parties impliquées, mais elles constitueront aussi le terreau dans lequel la FinTech disruptive – la troisième vague qui s'emparera d'une partie des marchés actuels de la banque – commencera à germer. En conséquence, il serait largement temps de créer, dans les institutions qui croient sincèrement à un rapprochement possible, les conditions d'un échange mutuellement fructueux…
Depuis plusieurs mois, les grands discours sont de sortie : point de salut pour la FinTech hors d'un rapprochement avec les banques ! Je l'ai déjà écrit, je ne crois pas que ce soit là le dernier mot de la disruption attendue. Toutefois, il est effectivement probable que cette approche se développe et devienne, à terme, une composante pérenne du paysage de la finance. Or, dans cette hypothèse, se pose la question de la valeur que retireront les nouveaux entrants d'un partenariat avec tel ou tel établissement.
En effet, si une relation étroite avec une jeune pousse est susceptible d'offrir des bénéfices clairement identifiés aux acteurs historiques (intégration accélérée de produits ou services innovants, apport d'une vision différente sur les métiers, introduction d'une culture d'agilité…), les termes du contrat peuvent se révéler plus difficiles à matérialiser dans le sens inverse. Promettre une expertise réglementaire, un socle de services de base, des processus rigoureux… est une chose, les délivrer en est une autre.
Imaginons, par exemple, le cas (hypothétique) d'une startup souhaitant développer une solution originale et ayant besoin, pour ce faire, de s'appuyer sur une infrastructure de compte courant existante (afin de ne pas dissiper toute son énergie à obtenir une licence et recréer un système sans valeur ajoutée pour son activité). Quelle banque est aujourd'hui capable de fournir ce service – clés-en-main, éprouvé et robuste, aisé et rapide à intégrer – à une entreprise tierce ? Je crains qu'il n'en existe que très peu.
Même dans le registre du partage d'expertise, il n'est pas certain que les spécialistes d'une grande banque soit toujours à même d'intégrer les paramètres spécifiques d'une petite structure, en pleine croissance, dans les conseils qu'ils prodigueront. En d'autres termes, miser sur la collaboration avec la FinTech ne s'improvise pas, il s'agit au contraire d'un choix stratégique, qui doit donc se préparer minutieusement (après en avoir d'abord défini les principes généraux et les objectifs visés).
À défaut, nous continuerons à voir les jeunes pousses multiplier les expérimentations et autres pilotes avec les grands groupes qui les courtisent sans relâche. Elles profiteront peut-être des programmes de mentorat, voire des aides financières qui accompagnent parfois les initiatives. Mais, au bout du compte, elles ne parviendront à mettre en place que des solutions « hors-sol » qui ne démontrent rien et ne débouchent jamais en production, parce que, quoi qu'il arrive, les fondations sont absentes.
Non seulement ces pseudo-collaborations sont-elles irrémédiablement vouées à l'échec, au préjudice de toutes les parties impliquées, mais elles constitueront aussi le terreau dans lequel la FinTech disruptive – la troisième vague qui s'emparera d'une partie des marchés actuels de la banque – commencera à germer. En conséquence, il serait largement temps de créer, dans les institutions qui croient sincèrement à un rapprochement possible, les conditions d'un échange mutuellement fructueux…
A 200 % en accord avec la conclusion... il ne suffit plus de faire un nivellement par le bas en phagocytant l'innovation d'une startup tout en conservant et en lui appliquant les principes d'une organisation désuète, voire obsolète, mais bien de promouvoir, de s'appuyer sur l'innovation apportée dans tous les domaines pour augmenter la pertinence et la compétence du vieux corps avachi, bref, le réveiller à l'aune de l'ère actuelle avec des idées, moyens, produits, approches, clients, and so on de notre temps
RépondreSupprimerEn complément de cette précieuse analyse, il semble que dans les relations Banque-FinTech, il y ait une confusion entre les atouts apportés et les ressources attendues par chacune des parties.
RépondreSupprimerOn pense qu'une fintech apporte de la traction commerciale et a besoin uniquement de services, briques et process de la part de la banque.
On pense qu'une banque a des produits et cherche des clients ou utilisateurs.
C'est souvent l'inverse: la fintech a un produit prometteur et désirable mais pas ou peu de clients. La banque cherche de nouveaux services à vendre à sa base colossale de clients/utilisateurs existants ou de capitaliser sur son réseau et sa notoriété pour en conquérir de nouveaux.
Lorsque tel est le cas, mieux vaut que la collaboration commence par un accord commercial (la fintech a besoin de business pour survivre), puis si cette étape est validée, passer sur des développements techniques et intégrations produit. L'ordre inverse risque de faire mourir l'une et de décevoir l'autre.
Bertrand, tout à fait d'accord. C'est un sujet (prioritaire) que j'ai abordé il y a quelques temps.
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