À ma droite, le PDG de Barclays affirme qu'il ne craint pas la concurrence de la FinTech. À ma gauche, les représentants de 4 startups proclament que les banques traditionnelles sont incapables de les rattraper. Entre les deux camps, le combat est entamé depuis quelques années mais son issue reste indécise. De quel côté penchera finalement la balance ?
Commençons par rejeter immédiatement l'argument principal du banquier, qui voudrait que la position d'une grande institution est inébranlable parce qu'elle est seule capable – grâce aux importants moyens dont elle dispose – d'assurer la robustesse et la stabilité indispensables aux services critiques qu'elle assure. C'est oublier un peu vite que cette solidité peut parfois s'effondrer et causer des dommages dramatiques et c'est également négliger la capacité, démontrée par les géants du web, de mettre en place des plates-formes parfaitement fiables à moindre coût grâce aux technologies modernes.
Comme je l'ai déjà écrit dans ces colonnes, la principale source de valeur – pour ne pas dire la seule – que détiennent les acteurs historiques face à leurs concurrents émergents est leur portefeuille de clientèle (quasiment captive, car passive) et, surtout, la confiance dont ils jouissent auprès de cette dernière. Parce qu'il n'est pas facile pour une jeune pousse inconnue de convaincre les consommateurs ou les entreprises de lui laisser gérer leur argent, les banques possèdent là un avantage incomparable et durable.
A contrario, les nouveaux entrants considèrent que les institutions financières sont trop encombrées de leur passé pour pouvoir répondre correctement aux attentes de leurs clients à l'ère « digitale » : elles ne possèdent pas l'agilité nécessaire, notamment en raison de leur existant, qu'il s'agisse de leurs processus rigides et d'un autre temps ou de leur patrimoine informatique vieillissant, inadapté aux exigences des services en ligne, des applications mobiles, des chatbots et autres (futurs) agents intelligents virtuels… ou de la directive DSP2, avec l'ouverture qu'elle impose.
Ainsi, la bataille entre nouveaux et anciens peut-elle se résumer à ces deux questions : d'un côté, les banques seront-elles capables d'accomplir l'immense effort de modernisation qui les attend et, de l'autre, les startups ont-elles une quelconque chance de conquérir la confiance d'un nombre suffisant de clients pour survivre ? De toute évidence, des vainqueurs sortiront des deux camps, tandis que ceux qui ne parviendront pas à évoluer suffisamment vite disparaîtront à plus ou moins longue échéance.
Il faut cependant souligner que le temps ne joue pas en faveur des institutions financières, bien au contraire. Plus les banques attendent avant d'entamer les chantiers pharaoniques qui leur permettraient d'offrir les services « digitaux » que demandent leurs clients, plus les coûts et les difficultés d'exécution croissent (exponentiellement). En outre, en attendant cette « résurrection », elles risquent chaque jour de voir s'effriter leur capital confiance – au fil des frictions des usages quotidiens, des petits incidents émaillant la relation… – au profit de la FinTech, qui ne peut que bénéficier de leur immobilisme.
Commençons par rejeter immédiatement l'argument principal du banquier, qui voudrait que la position d'une grande institution est inébranlable parce qu'elle est seule capable – grâce aux importants moyens dont elle dispose – d'assurer la robustesse et la stabilité indispensables aux services critiques qu'elle assure. C'est oublier un peu vite que cette solidité peut parfois s'effondrer et causer des dommages dramatiques et c'est également négliger la capacité, démontrée par les géants du web, de mettre en place des plates-formes parfaitement fiables à moindre coût grâce aux technologies modernes.
Comme je l'ai déjà écrit dans ces colonnes, la principale source de valeur – pour ne pas dire la seule – que détiennent les acteurs historiques face à leurs concurrents émergents est leur portefeuille de clientèle (quasiment captive, car passive) et, surtout, la confiance dont ils jouissent auprès de cette dernière. Parce qu'il n'est pas facile pour une jeune pousse inconnue de convaincre les consommateurs ou les entreprises de lui laisser gérer leur argent, les banques possèdent là un avantage incomparable et durable.
A contrario, les nouveaux entrants considèrent que les institutions financières sont trop encombrées de leur passé pour pouvoir répondre correctement aux attentes de leurs clients à l'ère « digitale » : elles ne possèdent pas l'agilité nécessaire, notamment en raison de leur existant, qu'il s'agisse de leurs processus rigides et d'un autre temps ou de leur patrimoine informatique vieillissant, inadapté aux exigences des services en ligne, des applications mobiles, des chatbots et autres (futurs) agents intelligents virtuels… ou de la directive DSP2, avec l'ouverture qu'elle impose.
Ainsi, la bataille entre nouveaux et anciens peut-elle se résumer à ces deux questions : d'un côté, les banques seront-elles capables d'accomplir l'immense effort de modernisation qui les attend et, de l'autre, les startups ont-elles une quelconque chance de conquérir la confiance d'un nombre suffisant de clients pour survivre ? De toute évidence, des vainqueurs sortiront des deux camps, tandis que ceux qui ne parviendront pas à évoluer suffisamment vite disparaîtront à plus ou moins longue échéance.
Il faut cependant souligner que le temps ne joue pas en faveur des institutions financières, bien au contraire. Plus les banques attendent avant d'entamer les chantiers pharaoniques qui leur permettraient d'offrir les services « digitaux » que demandent leurs clients, plus les coûts et les difficultés d'exécution croissent (exponentiellement). En outre, en attendant cette « résurrection », elles risquent chaque jour de voir s'effriter leur capital confiance – au fil des frictions des usages quotidiens, des petits incidents émaillant la relation… – au profit de la FinTech, qui ne peut que bénéficier de leur immobilisme.
Une éclatante démonstration d'un mal persistant, mais pas seulement dans le monde bancaire. La position et le discours des traditionnels ressemble à s'y méprendre à ceux tenus par l'Ancien Régime : pourquoi voulez-vous changer, nous nous occupons si bien de vous ? Il est tout aussi possible de trouver des événements plus récents dans l'Histoire auxquels ette rivalité entre les classiques et les Fintech peut tout aussi bien être comparée.
RépondreSupprimerL'ex-bloc soviétique imposait ses idées, et, les dissidents l'ont petit à petit fissuré pour le voir s'écrouler au final. Il n'est bien évidemment pas question de voir les établissements traditionnels disparaître, loin s'en faut - quoique ! pour certains d'entre eux, ce soit peut-être la seule solution de rénovation -, mais bien d'exprimer et de mettre en oeuvre les réformes nécessaires à ce monde en (r)évolution permanente grâce aux technologies, à la multiplication des canaux de communication et d'information, aux besoins et aux désirs toujours plus présents d'une clientèle de plus en plus responsable, qui a horreur d'être prise et traitée comme du vulgum pecus.
C'est aussi un reflet parfait de la société française dans laquelle tout le monde s'accorde pour dire qu'elle a besoin d'être réformée... mais dès que ces changements sont annoncés, c'est tout de suite un tollé général "c'était mieux avant" qui s'élève...
Et pourtant, dans le monde des paiements, en particulier, comme en France, il faudra bien un jour où l'autre que ces réformes soient effectives. Une chose est sûre : plus on tardera, plus la facture sera douloureuse. Alors à quand la chute du mur de Berlin dans l'industrie bancaire des paiements ?