Voici une nouvelle application de la blockchain, proposée par Emirates NBD : un registre sécurisé des chèques émis. Outre l'ironie qu'il y a à utiliser une technologie futuriste pour aider à la survie d'un moyen de paiement obsolète, rien ne paraît la justifier. Profitons de l'occasion pour tenter de discerner les critères d'un « bon » cas d'usage.
Mais revenons d'abord à l'initiative d'Emirates NBD. Afin de limiter la fraude sur les chèques, la banque met en œuvre un dispositif de traçabilité complet, constitué d'un QR Code contenant leur identifiant unique (complété d'une séquence de caractères aléatoire) et d'un référentiel des informations ainsi collectées, qu'il suffit de consulter pour vérifier en quelques instants la validité et l'état d'un exemplaire. C'est cette base de données, baptisée « Cheque Chain », qui est donc implémentée sur une blockchain.
Or quelles sont les promesses de cette fameuse technologie ? J'en retiens 3 principales, intimement liées entre elles : la conservation (sécurisée) de données, l'immutabilité des informations enregistrées (c'est-à-dire l'impossibilité d'altérer les enregistrements a posteriori) et la résilience de l'infrastructure (sa nature distribuée est insensible à la perte d'une partie des ordinateurs qui la composent), le tout sans recourir à un tiers de confiance (celui-ci étant remplacé par du code informatique et de la cryptographie).
C'est bien ce dernier point qui fait toute la différence : la blockchain apporte un réel bénéfice quand il existe une défiance potentielle entre des parties d'un contrat (directement impliquées ou non : un régulateur peut être éligible, par exemple), soit au cours de son exécution, soit dans sa consignation et sa conservation, soit dans la robustesse du système sous-jacent… Dans ces circonstances seulement, un registre (largement) distribué et géré par consensus constitue-t-il une réponse pertinente.
Dans le cas de la « Cheque Chain », existe-t-il un tiers de confiance à remplacer ? NON, car depuis l'émission des formules vierges jusqu'à l'encaissement des chèques, Emirates NBD assume seule la responsabilité de l'information enregistrée, les autres intervenants (éventuels) dans la chaîne de valeur ne sont intéressés que par sa consultation et doivent, quelle que soit la technologie employée, faire confiance à la banque quant à la qualité des données qu'elle a elle-même produites et mises à leur disposition.
En l'occurrence, même si l'immutabilité et la résilience sont susceptibles de constituer des objectifs désirables, l'usage de la blockchain est superflu car des technologies traditionnelles, plus mûres, mieux maîtrisées, plus économiques (oui, la blockchain a un coût non négligeable !)… sont capables de les offrir – cryptographie, telle qu'elle est intégrée dans le plus banal outil de comptabilité, pour la première ou infrastructure redondante, non massive, pour la seconde, pour ne suggérer que deux possibilités.
À ce stade, commence à apparaître l'explication de la difficulté des institutions financières à trouver des domaines d'application pertinents de la blockchain. En effet, à chaque fois qu'une d'elles est son propre tiers de confiance dans l'exécution d'une transaction (ce qui est souvent l'essence même du métier de la banque), il est vain – ou inefficace, à tout le moins – de chercher à en confier une partie à une blockchain. Et, bien sûr, peu nombreuses sont celles qui acceptent de céder entièrement leur place…
Mais revenons d'abord à l'initiative d'Emirates NBD. Afin de limiter la fraude sur les chèques, la banque met en œuvre un dispositif de traçabilité complet, constitué d'un QR Code contenant leur identifiant unique (complété d'une séquence de caractères aléatoire) et d'un référentiel des informations ainsi collectées, qu'il suffit de consulter pour vérifier en quelques instants la validité et l'état d'un exemplaire. C'est cette base de données, baptisée « Cheque Chain », qui est donc implémentée sur une blockchain.
Or quelles sont les promesses de cette fameuse technologie ? J'en retiens 3 principales, intimement liées entre elles : la conservation (sécurisée) de données, l'immutabilité des informations enregistrées (c'est-à-dire l'impossibilité d'altérer les enregistrements a posteriori) et la résilience de l'infrastructure (sa nature distribuée est insensible à la perte d'une partie des ordinateurs qui la composent), le tout sans recourir à un tiers de confiance (celui-ci étant remplacé par du code informatique et de la cryptographie).
C'est bien ce dernier point qui fait toute la différence : la blockchain apporte un réel bénéfice quand il existe une défiance potentielle entre des parties d'un contrat (directement impliquées ou non : un régulateur peut être éligible, par exemple), soit au cours de son exécution, soit dans sa consignation et sa conservation, soit dans la robustesse du système sous-jacent… Dans ces circonstances seulement, un registre (largement) distribué et géré par consensus constitue-t-il une réponse pertinente.
Dans le cas de la « Cheque Chain », existe-t-il un tiers de confiance à remplacer ? NON, car depuis l'émission des formules vierges jusqu'à l'encaissement des chèques, Emirates NBD assume seule la responsabilité de l'information enregistrée, les autres intervenants (éventuels) dans la chaîne de valeur ne sont intéressés que par sa consultation et doivent, quelle que soit la technologie employée, faire confiance à la banque quant à la qualité des données qu'elle a elle-même produites et mises à leur disposition.
En l'occurrence, même si l'immutabilité et la résilience sont susceptibles de constituer des objectifs désirables, l'usage de la blockchain est superflu car des technologies traditionnelles, plus mûres, mieux maîtrisées, plus économiques (oui, la blockchain a un coût non négligeable !)… sont capables de les offrir – cryptographie, telle qu'elle est intégrée dans le plus banal outil de comptabilité, pour la première ou infrastructure redondante, non massive, pour la seconde, pour ne suggérer que deux possibilités.
À ce stade, commence à apparaître l'explication de la difficulté des institutions financières à trouver des domaines d'application pertinents de la blockchain. En effet, à chaque fois qu'une d'elles est son propre tiers de confiance dans l'exécution d'une transaction (ce qui est souvent l'essence même du métier de la banque), il est vain – ou inefficace, à tout le moins – de chercher à en confier une partie à une blockchain. Et, bien sûr, peu nombreuses sont celles qui acceptent de céder entièrement leur place…
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