Le problème ne date pas d'hier mais la crise actuelle en accélère les effets : le niveau des taux d'intérêt a durablement tué le modèle économique historique des banques de détail. À défaut d'idées fraîches, la seule solution qu'elles envisagent pour restaurer leur rentabilité consiste à augmenter les frais facturés à leurs clients.
Les annonces et les alertes se multiplient depuis un certain temps. Après les quelques établissements européens ayant ainsi commencé à ponctionner des intérêts (négatifs) sur les dépôts importants, un des derniers en date à adopter une telle politique est N26, qui l'applique désormais à partir de 50 000 euros d'avoirs, démontrant au passage que les nouveaux entrants ne sont guère mieux placés que les anciens sur ce terrain.
À l'autre extrémité de l'échelle, HSBC avertit qu'elle pourrait bientôt abandonner la gratuité de ses services de base dans plusieurs de ses pays d'implantation. Et en effet, s'il faut en croire un article d'American Banker, il semblerait que les consommateurs, inquiets de la situation sanitaire et économique, sont devenus beaucoup plus attentifs à leurs finances personnelles. Leur prudence les conduirait, entre autres, à éviter les découverts (et autres opérations similaires) habituellement si rémunérateurs.
Ce ne sont, pour l'instant, que des cas isolés mais la tendance est claire et elle va probablement se répandre, une fois que les initiatives en cours de réduction des coûts auront atteint leurs limites (et prouvé leur inefficacité à long terme). Il faut donc se préparer : les tarifs vont flamber… Or une hausse de prix qui ne s'accompagne d'aucune amélioration de l'offre (elle risque au contraire de se dégrader avec les efforts d'optimisation) va automatiquement engendrer un mécontentement généralisé.
Les banques devront faire preuve de pédagogie et de transparence afin de faire passer la pilule auprès de leurs clients. Si l'exaspération parvient à faire sauter les réticences usuelles au changement de fournisseur, la capacité à démontrer la valeur délivrée deviendrait de la sorte le premier différenciateur concurrentiel. Les acteurs les plus sincèrement proches de leurs clients, à distance ou face à face, devraient alors prendre l'avantage et les hiérarchies du secteur pourraient s'en trouver bouleversées.
Naturellement, il existe une autre stratégie viable : enrichir ou compléter la palette de services proposés, de manière à justifier une rémunération supplémentaire de la banque. Il pourrait s'agir de développer, par exemple, un véritable accompagnement personnalisé, potentiellement extra-financier, dans la vie quotidienne (comme l'esquisse apparemment BNP Paribas avec son expérimentation d'offre d'assistance) ou dans les grands projets, qui, en dépit des discours officiels, est totalement absent aujourd'hui.
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