En attendant le baromètre de l'association France FinTech, le marché français de la finance participative tendrait, selon L'Agefi, à poursuivre le déclin entamé à partir de 2023, après le bond enregistré durant les années post-COVID. Le mouvement atteint un tel niveau qu'il semble nécessaire de repenser les stratégies de fond en comble.
Après avoir perdu plus d'un quart de son volume d'activité au cours des deux années précédentes, ce premier semestre serait donc sur la voie d'une baisse supplémentaire de 10 à 15%. Celle-ci serait principalement due au secteur immobilier, qui représente environ la moitié des collectes et continue à subir la crise générale du domaine. Les énergies renouvelables, cumulant presque 25% des fonds recueillis, parviendraient en revanche à limiter la casse, sans toutefois afficher une santé brillante.
Outre quelques fermetures de plates-formes, le coup de frein serait dû, pour l'essentiel, à une plus grande sélectivité des dossiers acceptés. Il s'agit d'un revirement par rapport à une période de forte croissance… qui n'était pas toujours bien maîtrisée, entraînant un inévitable renchérissement des taux de défaut, dangereux à la fois pour l'équilibre financier des intermédiaires concernés et pour la confiance de leurs clients.
Cette situation de risque, renforcée par la conjoncture économique peu favorable, conduit certains acteurs à envisager de réclamer une contribution à leurs investisseurs, soit pour leur faire bénéficier des meilleures opportunités, soit pour partager les coûts des contentieux. Dans tous les cas, la fin de la gratuité (faciale) paraît être à l'ordre du jour… ce qui pourrait s'avérer contre-productif pour des participants déjà réticents.
Face à la dépression qui affecte la finance participative en France, une réinvention complète des approches en vigueur serait probablement indispensable. Je soupçonne qu'elle souffre d'un manque d'attrait pour les personnes qui disposent de fonds à faire fructifier. Entre autres faiblesses : l'offre est relativement limitée (les opérations en cours à un moment donné sont peu nombreuses), le modèle requiert un engagement soutenu… et les crypto-actifs créent une concurrence dans les instruments alternatifs.
Naturellement, dans une illustration parfaite du dilemme classique des solutions de mise en relation entre deux typologies de clientèle, l'autre catégorie de partie prenante, constituée par les entités en recherche de financement, est elle-même frileuse en raison de l'audience réduite qu'elle est susceptible de toucher. La clé pour débloquer cette impasse imposera de développer la notoriété du concept, auprès des demandeurs comme des bailleurs de fonds, en défendant ses caractéristiques distinctives.
Je reste un fervent enthousiaste de la finance participative et de ses possibilités de rendre l'investissement ou le crédit plus concret, plus transparent et plus engagé. Mais il ne pourra pas progresser tant qu'il ne sera pas démocratisé très largement. Peut-être faut-il user des méthodes d'influence qui réussissent aux cryptomonnaies (en les attaquant sur leurs points faibles ?), peut-être faut-il rechercher des partenariats avec des acteurs présents en première ligne (les banques)… Une certitude : sans prise de mesures drastiques, le crowdfunding restera une anecdote dans le paysage.
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