D'un côté, voici une étude de KPMG qui prédit une érosion à moyen terme de la profitabilité du secteur bancaire britannique. De l'autre, nous avons le rapport annuel de Monzo, qui reflète la croissance soutenue des grands trublions britanniques de la FinTech. Les deux tendances sont étroitement liées et devraient encourager l'innovation.
Au-delà de la baisse des bénéfices de 3,7 milliards de livres enregistrée en 2024, qui met fin au rebond post-pandémie, les analystes estiment que, à défaut de réforme structurelle, la rentabilité des principaux établissements reculerait d'environ un tiers d'ici 2027, engendrant une poursuite de la chute de quelques 11 milliards de livres. La première cause de pessimisme est économique, entre stagnation du développement et une augmentation des coûts, notamment de personnel et de technologie.
Pourtant, un autre facteur prend une importance de plus en plus visible. En effet, les acteurs traditionnels perdent du terrain sur les dépôts, ce qui entraîne automatiquement une pression sur leurs marges. Si le repli de leur part de marché de 84% à 80% en 5 ans semble modeste, il représente tout de même de l'ordre de 100 milliards de livres de fonds captés par les fournisseurs de crédit spécialisé… et les néo-banques, qui limitent leurs capacités de financement et les profits qu'elles génèrent.
La santé éclatante de Monzo illustre clairement l'évolution. Avec presque 13 millions de clients – dont 650 000 moins de 16 ans conquis en quelques mois après le lancement d'une offre qui leur est dédiée et qui constitueront probablement une génération perdue pour l'industrie historique –, la fuite des capitaux est évidente, d'autant plus qu'ils sont de plus en plus nombreux à confier à la jeune pousse une bonne partie de leurs opérations (plus de la moitié d'entre eux sont désormais actifs plus d'une fois par semaine).
Le mouvement n'a en outre aucune raison de s'inverser à moyen terme car les nouveaux entrants n'ont pas encore atteint la maturité, comme le démontre par exemple leurs ratios de prêts sur dépôts, aux alentours de 30%. Au fil du temps, ils vont donc nécessairement compléter leurs offres de crédit, venant de la sorte attaquer directement une autre source de revenus des institutions financières en place tout en éliminant une des puissantes motivations des consommateurs au « conservatisme ».
Face à la menace, que recommandent nos amis de KPMG ? Des mesures d'optimisation de l'efficacité opérationnelle (entre autres sur la productivité des employés)… et l'accélération de l'adoption de l'intelligence artificielle, bien sûr ! Cette dernière idée est-elle raisonnable alors que les coûts des technologies sont déjà identifiés comme responsables de la dégradation des performances des banques ? Il faudrait au moins quelques orientations concrètes pour donner du corps à un tel conseil.
Selon moi (et je ne surprendrai personne), la réponse devrait plutôt se situer dans l'innovation. Contrairement à ce que suggèrent les consultants, les niveaux de rémunération des dépôts ne sont pas le seul attrait des acteurs de la FinTech : leur succès s'est d'abord construit sur leur expérience client et les distinctions qu'ils obtiennent régulièrement depuis des années dans ce domaine prouvent que leur avantage perdure. Toute tentative de riposte concurrentielle devrait donc commencer par là, en particulier dans les services « digitaux », où la différence est la plus marquée.
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