Si les promesses des agents intelligents sont alléchantes, elles peinent, pour l'instant, à se matérialiser, hormis sur quelques scénarios simples. La démonstration par ANNA Money de la faculté d'une IA de piloter de bout en bout le processus d'enregistrement légal d'une entreprise au Royaume-Uni représente donc une avancée notable.
La valeur de l'intelligence artificielle est directement proportionnelle aux efforts qu'elle est susceptible d'épargner à ses utilisateurs, ce qui la rend donc particulièrement appropriée, si elle sait les prendre en charge, dans les cas de démarches administratives lourdes et consommatrices de temps. En ce sens, la création d'une société, entre formulaires à remplir, justificatifs à fournir (y compris les contrôles d'identité) et paiement des frais, offre un exemple représentatif d'un besoin réel.
Cette capacité faisant justement partie du catalogue des services commercialisés par ANNA – avec le compte bancaire, la facturation, la gestion comptable… –, c'est tout naturellement que la jeune pousse a voulu expérimenter la possibilité de piloter l'ensemble des opérations concernées avec un minimum d'intervention humaine grâce à un grand modèle de langage (LLM) interagissant directement avec son espace web.
Le test est présenté comme un succès… bien qu'il faille rester prudent car, en particulier, il n'a probablement pas traité toutes les hypothèses et leurs complexités spécifiques (notamment les différentes erreurs qui peuvent se produire dans le parcours). L'objectif est désormais d'industrialiser le concept de manière à permettre à des partenaires d'orchestrer l'enregistrement d'entreprise et l'ouverture de son compte bancaire (ANNA) via leurs propres agents IA, à travers une expérience utilisateur optimisée.
Il reste à voir si le déploiement se déroule correctement – il subsiste beaucoup d'inconnues dans l'approche : la maîtrise des risques (surtout face à des clients), l'adoption effective de la solution (par des tiers potentiellement timorés)… – mais le principe d'automatisation flexible des processus complexes, dont le secteur financier est une source quasiment infinie, est évidemment une opportunité majeure pour les applications de l'intelligence artificielle agentique. ANNA lui procure une occasion de faire ses preuves, il en faudra bien d'autres avant une éventuelle généralisation.
Incidemment, l'initiative soulève des questions perturbantes sur les modèles économiques de certains acteurs. En l'espèce, la néo-banque (et elle n'est pas la seule) bâtit sa réussite sur son assemblage de multiples fonctions utiles aux professionnels, y compris extra-financières, et leur intégration simplifiée. Mais si chaque brique propose demain sa propre interface avec les agents (par exemple l'organisme de gestion des entreprises dans le cas présent), son avantage risque de s'estomper rapidement…
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