La lutte contre la fraude, sous toutes ses formes, donne parfois l'impression d'être désespérée tellement la sophistication croissante des attaques semble difficile à suivre. C'est donc une note d'optimisme qu'apporte CommBank quand elle révèle qu'elle observe une baisse de 76% en deux ans des pertes de ses clients pour cause d'arnaque.
Bien qu'il n'englobe pas l'ensemble de la criminalité dont les consommateurs sont victimes au jour le jour, ce résultat est d'autant plus intéressant qu'il concerne un domaine dans lequel une des principales armes mises en œuvre aujourd'hui porte exclusivement sur la sensibilisation et l'éducation : contrairement aux campagnes de communication génériques (et ponctuelles) telles que celle des banques françaises, il démontre qu'une approche multi-facettes parvient à prouver son efficacité.
Voilà justement pourquoi l'institution australienne ne relâche pas ses efforts et ajoute une corde à son arc. Intégrée dans l'application Truyu – émanation de sa branche de capital-risque x15ventures – dédiée jusqu'à maintenant à la surveillance des menaces d'usurpation d'identité, la nouvelle fonction invite ses utilisateurs à transmettre une capture d'écran des SMS suspects qu'ils reçoivent : en quelques secondes, l'intelligence artificielle qui la propulse analyse l'image et détermine la probabilité qu'il s'agisse effectivement d'une escroquerie (financière ou autre, incidemment).
En France, le principe rappellera à ceux qui le connaissent le service 33700 ou la « phishing initiative », qui tous deux permettent de dénoncer des tentatives frauduleuses (via SMS pour le premier, via des sites de hameçonnage pour le second)… mais souffrent de lacunes rédhibitoires : outre leur faible notoriété, l'un n'apporte aucune confirmation de la qualification et l'autre est soumis à des délais parfois longs de traitement manuel, correspondant à sa mission primaire de prise de mesures coercitives contre les auteurs (ce que Truyu intègre également dans son modèle opérationnel).
Naturellement, la solution australienne ne justifiera sa valeur que si elle est largement adoptée. Son inclusion dans une application existante, qui a apparemment conquis une audience conséquente depuis son lancement, lui donne un avantage immédiat de ce point de vue. Il laisse d'ailleurs imaginer l'intérêt de rassembler toutes les options de lutte contre les malversations au sein d'un titre unique, distinct de la plate-forme bancaire, dont ce n'est pas le rôle, quand bien même l'enseigne peut apporter sa crédibilité.
Il reste tout de même un point noir dans ce panorama : CommBank affirme investir plus de 900 millions de dollars, pour la seule année 2025, dans la protection de ses clients. Ces derniers seront rassurés de constater qu'ils font l'objet d'une telle attention… mais la facture paraît extrêmement salée et soulève de graves questions de viabilité de la démarche, sachant que la défense contre la fraude est une lutte permanente, qui demandera des efforts constants, probablement de plus en plus coûteux.
La communication de l'établissement dévoile enfin un autre mécanisme récemment introduit pour la validation des transactions de paiement en ligne, via son application plutôt que par un code à usage unique envoyé par SMS (exposé à des risques de fuite), tel qu'il existe depuis longtemps chez nous. Ce « retard » souligne combien il serait critique pour l'industrie, surtout dans le domaine de la sécurité, de surveiller les progrès enregistrés dans le monde entier, de manière à les répliquer au plus vite.
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