Selon une enquête de Tumelo, un des fournisseurs de solution du domaine, l'attribution des droits de vote aux porteurs indirects de titres – par l'intermédiaire de fonds, en général – prend de l'ampleur et révèle un engagement marqué de la part des intéressés, alors que le principe n'a véritablement émergé que depuis quelques mois.
On peut dire que la tendance a réellement pris quand, après quelques initiatives lancées par des startups, notamment sur des préoccupations environnementales, BlackRock s'en est emparé sur un de ses fonds indiciels (ETF) au début de 2024. Il s'agit de redonner leur voix aux détenteurs de parts de ces instruments collectifs lors des assemblées générales des entreprises dont ils sont en réalité les « vrais » actionnaires plutôt que de laisser le gérant agir en leur nom, souvent en totale opacité.
Aujourd'hui la phase expérimentale semble laisser la place à un début de démocratisation. Selon Tumelo, les grands acteurs de l'investissement déploient le mécanisme sur un nombre de plus en plus élevé de supports, avec une adoption large, tandis que leurs clients sont sensibilisés et seraient déjà une majorité à affirmer leur préférence pour les fonds qui leur donnent la possibilité de voter, un tiers se déclarant même prêts à changer de fournisseur de manière à bénéficier de ce genre d'option.
Autre résultat notable de l'étude, les votes exprimés de la sorte exercent potentiellement un impact important sur la gouvernance des entreprises. Ainsi, dans 90% des assemblées que Tumelo a l'occasion d'observer via ses services, les porteurs de fonds ont pris une position différente de leur gérant sur au moins un des points de l'ordre du jour. Certains grands noms se félicitent en outre d'avoir pu faire avancer concrètement des thématiques figurant au cœur de leur stratégie grâce à leur voix retrouvée.
Il faut tout de même préciser que, a priori, les conclusions de l'analyse concernent exclusivement les investisseurs institutionnels, disposant automatiquement d'une influence conséquente par le volume de leurs portefeuilles. Il n'est donc pas certain que les particuliers soient aussi bien traités (dans la mise à disposition de moyens de prendre part aux décisions) ni que, dans l'affirmative, leur implication soit du même niveau. Pour eux, le modèle mériterait peut-être d'être proposé à travers des sortes d'associations autour d'un but commun, un peu à la manière de Tulipshare.
Dans un contexte où un des aspects sur lesquels le grand public paraît le plus susceptible de vouloir se faire entendre au niveau des choix des entreprises – je pense évidemment à la responsabilité sociale et environnementale – est en train de disparaître des scrutins (pour raisons politiques ou autres), la démarche de restitution du pouvoir à ceux qui engagent leurs économies sur des produits financiers pourrait constituer une excellente opportunité de contrer des orientations impopulaires de ce type.
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