Alors que l'industrie financière américaine est actuellement en pleine régression vis-à-vis de l'ouverture des données des clients (j'y reviendrai peut-être prochainement), une néo-banque pour les PME déploie ce qui semble être la première implémentation opérationnelle d'un serveur MCP, permettant à ses utilisateurs de partager les informations de leurs comptes avec les plates-formes d'IA générative.
Loin d'être une lubie technologiste, l'initiative est née d'un constat objectif : les responsables d'entreprises sont déjà nombreux à alimenter les moteurs d'intelligence artificielle, ChatGPT et consorts, avec leurs données bancaires dans le but d'obtenir, dans une conversation en langage naturel, des réponses simples et directes aux questions qu'ils se posent sur, entre autres, leur trésorerie et les tendances qui la concernent, voire des recommandations d'optimisation sur leur gestion financière.
Plutôt que de laisser ses clients se débrouiller avec la transmission de leurs relevés bancaires aux outils publics, avec tous les risques de sécurité que cela implique, Grasshopper leur offre une connexion native, grâce au standard de fait MCP, autorisant une intégration transparente depuis les interfaces d'IA dûment habilitées (la première à être validée est Claude d'Anthropic). Le spécialiste Narmi assure l'intermédiation technique afin de garantir un haut niveau de protection et d'intégrité sur toute la chaîne.
Actuellement mis à la disposition d'une sélection de clients, en mode expérimental, le système a vocation à devenir une sorte d'assistant intelligent à l'analyse des comptes. Depuis les interrogations les plus simples, telles que le solde du compte courant ou une liste des 10 fournisseurs les plus importants (en montant de dépenses), jusqu'aux plus complexes, par exemple comparer les revenus avec les dépenses de marketing, Claude restitue le résultat instantanément sans avoir à construire une feuille de calcul.
Ces quelques scénarios illustrent parfaitement l'objectif visé : il s'agit pour une petite structure de proposer à ses clients un niveau de service digne d'une grande institution, en termes d'accès à la connaissance que recèlent les données qu'elle détient, sans engager les investissements que cette dernière consent pour créer sa propre infrastructure et développer ses propres modèles. Une interface ouverte et un partenariat avec un acteur ad hoc sont capables de délivrer la même valeur.
La démarche laisse toutefois une question en suspens : la réelle sécurité d'un partage d'information sensible avec une plate-forme généraliste, même si celle-ci est auditée avant toute mise en place. Outre le danger d'une faille ou d'une erreur chez Narmi, qui se trouve dans une position de sous-traitant particulièrement critique, il ne faut pas négliger les dangers auxquels peuvent s'exposer les utilisateurs eux-mêmes (moindres, il est vrai, que quand ils transmettent manuellement leurs relevés de compte).
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