Le magazine InformationWeek a, comme chaque année, présenté sa liste des 500 entreprises américaines les plus innovantes dans leur utilisation des technologies et c'est Vanguard Group, fonds d'investissement mutuel, qui prend la première place du classement 2010 pour sa stratégie d'innovation.
Plus ou moins inspirée du programme Google (permettant à ses ingénieurs de consacrer 20% de leur temps à explorer des idées nouvelles), mais sans pouvoir se permettre le coût d'une telle initiative, Vanguard propose à ses collaborateurs de se porter volontaire pour la concrétisation des innovations, en dehors de leurs heures de travail normales et en plus de leur tâches habituelles.
L'entreprise fait ainsi des économies et peut même développer des projets qui ne pourraient voir le jour dans d'autres conditions, ce qui a été le cas pour la première version de son application iPhone, qu'aucune ligne métier ne voulait financer et qui a pu être réalisée "gratuitement" par des volontaires. Les participants y trouvent, pour leur part, une possibilité de travailler sur des sujets qui les passionnent avec la bénédiction de leur hiérarchie et, en cas de succès, une reconnaissance et une valorisation explicites.
Une organisation spécifique a été mise en place pour soutenir ce mode de fonctionnement. Un petit groupe d'innovation IT (5 personnes) prend en charge la mise en place des projets et des équipes de volontaires, et apporte une aide opérationnelle (par exemple par des formations sur les techniques de développement agile). Parmi les règles mises en place, les projets soumis doivent être alignés avec la stratégie de l'entreprise et ils ne peuvent être effectivement lancés qu'avec l'accord d'un sponsor qui se porte garant de leur valeur métier.
Un facteur de succès de l'approche de Vanguard est la culture de mobilité qui y règne et qui fait que les collaborateurs changent fréquemment de département, beaucoup d'entre eux passant par la DSI à un moment ou un autre de leur carrière.
Par ailleurs, ce mode d'innovation par le volontariat est positionné sur des tendances à relativement court terme (moins de 3 ans). Pour des innovations de rupture, plus futuristes ou plus stratégiques, le CEO dispose d'une réserve de budget qu'il peut allouer à sa discrétion, sur un mode plus classique, lorsqu'aucune ligne métier ne veut s'engager.
La présentation de l'expérience de Vanguard ne donne aucun détail sur le processus de sélection des projets innovants (en dehors de l'exigence d'un sponsor business) mais je pense que le modèle "par volontariat" se marirait fort bien avec une approche "sociale" de la soumission, de l'affinement et du choix des idées, impliquant les futurs volontaires au plus tôt dans le cycle...
Reste également une question sans réponse : quel est le niveau d'adhésion dans l'entreprise ? Et pour prolonger la réflexion, une dernière interrogation : un tel modèle aurait-il quelque chance de succès dans une entreprise (banque ou autre) française ou bien ne peut-il fonctionner que dans une culture spécifique (américaine et peut-être même locale à Vanguard, en l'occurence) ? La réponse mériterait bien un essai...
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