Depuis presque 10 ans, les expérimentations se sont multipliées aux 4 coins du monde. Certaines (en particulier au Japon et en Corée) ont pu laisser penser que le temps ferait progresser l'acceptation de ce nouveau système. Pourtant, à y regarder de près, il est évident qu'il ne suscite aucun engouement massif et il est facile d'en comprendre la raison profonde : personne ne voit de valeur ajoutée dans le paiement sans contact, même sur téléphone mobile.
Dans une telle situation, la réaction logique serait soit d'abandonner l'idée, quitte à la voir resurgir plus tard sous une forme différente, soit de travailler sur le cœur du problème et modifier l'approche pour apporter une valeur aux utilisateurs et créer un nouveau besoin. Que font les banques (avec les autres acteurs impliqués) ? Elles insistent et continuent à pousser la technologie...
Le dernier exemple en date est celui de BPCE, qui annonce[lien PDF], avec Visa Europe, le lancement d'une n-ième expérimentation dont la seule nouveauté est de répondre à un supposé obstacle technique. L'idée est en effet de fournir aux testeurs une interface NFC ("Near Field Communication", le composant indispensable de communication de proximité) intégrée dans une carte microSD. Ainsi, les partenaires cherchent à contourner l'absence sur le marché de mobiles équipés de la technologie sans contact.
Notons d'emblée les limitations de cette expérimentation. J'en vois au moins 4 qui risquent de refroidir les ardeurs des amateurs de nouveautés :
- Seule une poignée de téléphones sont compatibles (les iPhones récents, un modèle de Samsung et deux BlackBerrys).
- L'utilisation d'une carte microSD va monopoliser l'emplacement prévu pour une carte mémoire destinée normalement à stocker des données (en particulier des morceaux de musique). Pire, sur l'iPhone, il faudra installer une jaquette spéciale à défaut d'interface idoine.
- L'utilisateur devra également installer une application et activer sa carte avant de pouvoir payer.
- Seuls les paiement d'un montant inférieur à 20 euros seront possibles, dans un premier temps (en France).
En dehors de ces défauts techniques, la question de fond reste entière : quelle est la proposition de valeur pour le consommateur ? La réponse ("aucune") n'ayant pas varié, le résultat ne pourra être que négatif.
L'entrée dans la danse de Google, avec l'intégration d'une interface NFC dans son système Android, laisse malgré tout espérer une évolution du paiement sans contact. La vision du géant logiciel est en effet beaucoup plus large et vise à faire émerger de nouveaux services dont la combinaison a quelques chances de déclencher un mouvement d'adoption. C'est à mon avis dans cette direction que les institutions financières devraient désormais travailler, en se donnant le temps de la réflexion, pendant que les constructeurs de mobiles généralisent la technologie.
Entièrement d'accord sur l'aspect service a renforcer et sur la gestion de ces micropaiements une fois effectués (comment vérifier, contrôler,...)
RépondreSupprimerA noter qu'Apple a la même démarche que Google quant à l'intégration du NFC...
RépondreSupprimerMalheureusement (?), Apple n'a officiellement aucun plan pour le sans contact, à ce jour.
RépondreSupprimerMalgré toutes les rumeurs, il n'y a pas la moindre trace d'une interface NFC dans la prochaine version de son système (iOS 5).
Bonjour,
RépondreSupprimerJe souhaitais apporter quelques explications aux limitations notées par Patrice :
- Seule une poignée de téléphones sont compatibles (les iPhones récents, un modèle de Samsung et deux BlackBerrys).
>> Les téléphones concernés sont les plus importants du marché car représentent l’essentiel des ventes. C'est un progrès majeur en attendant la disponibilité des mobiles natifs NFC. Un seul mobile est actuellement disponible en SIM centric.
- L'utilisation d'une carte microSD va monopoliser l'emplacement prévu pour une carte mémoire destinée normalement à stocker des données (en particulier des morceaux de musique). Pire, sur l'iPhone, il faudra installer une jaquette spéciale à défaut d'interface idoine.
>> La carte microSD fournie par la banque permettra aussi de stocker des données.
La « jaquette » de l’iPhone fait aussi office d’étui de protection. Celle-ci est actuellement la seule solution pour que l'iphone v3 et v4 permettent le paiement sans contact. Cela permet d'offrir le service en attendant les versions futures.
- L'utilisateur devra également installer une application et activer sa carte avant de pouvoir payer.
>> L’activation consiste seulement à saisir un code confidentiel fourni par sa banque.
- Seuls les paiements d'un montant inférieur à 20 euros seront possibles, dans un premier temps (en France).
>> Le montant maximum d’une transaction va rapidement passer à 300 € avec la saisie d’un code. Cette contrainte temporaire est liée au déploiement des terminaux d'acceptation chez les commerçants, elle est la même pour la technologie SIM centric et carte microSD.
Oriane Bauduin, porte parole de BPCE
Oriane,
RépondreSupprimerMerci pour ce commentaire et les compléments d'information qu'il apporte.
Je profite de l'occasion pour préciser un peu ce qui motive ma perplexité devant les efforts déployés pour tenter d'imposer le paiement sans contact.
Dévant la faible appétence du public pour ces solutions, je reste convaincu que tout obstacle, même minime, placé sur le chemin de l'adoption prend plus d'importance et nuit fortement aux chances de succès d'un nouveau test.
Exemple concret, la néo-zélandaise ANZ a récemment annoncé l'abandon de sa propre expérimentation à base de carte microSD et son retour d'expérience mérite d'être pris en compte.
Pour prendre un peu de recul, je dois ajouter que je ne comprends pas quel enjeu représente le paiement sans contact pour les banques, au point d'y dépenser autant d'énergie et de moyens. En effet, on ne voit pas de modèle économique viable sur les paiements de petits montants (les commerçants et les consommateurs refusant de payer pour un substitut aux espèces) et les autres usages ne présentent pas de valeur particulière (pour les banques) par rapport aux modèles existants ou émergents.