S'il faut en croire Jacob Jegher (analyste à Celent), la gestion de finances personnelles (PFM) reste marginale dans les habitudes des consommateurs : selon ses estimations, moins de 4% des utilisateurs des principaux services de ce type seraient réellement "actifs" sur une période de 30 jours. Les raisons de cette désaffection seraient liées à des défauts qualitatifs des offres : manque de personnalisation, catégorisation automatique peu fiable...
Le fait est que la gestion de ses finances est une corvée pour la plupart des ménages, qui souhaitent donc n'y consacrer qu'un minimum de temps. Or les outils de PFM actuels, par leurs imperfections, ne tiennent pas réellement leur promesse de gestion de budget totalement automatisée. Et les utilisateurs, après quelques efforts initiaux retournent donc naturellement à leur habitude de ne surveiller qu'épisodiquement et approximativement leur situation financière.
C'est pour cette raison que la proposition de Balance Financial (que j'avais survolée à l'occasion de Finovate Spring) n'est peut-être pas aussi absurde qu'il y paraît. Son principe est de compléter les services de PFM par la mise à disposition d'un conseiller personnel (une "vraie" personne !) à qui l'utilisateur va pouvoir confier des tâches routinières de gestion (suivi des rentrées d'argent et des dépenses, paiement des factures, organisation des comptes, préparation de budget, rapports personnalisés...) en fonction de ses instructions générales. Tout est fait pour faciliter les traitements avec, par exemple, une application mobile qui permet de photographier et transmettre directement les factures qui ne seraient pas émises par voie électronique.
Lorsqu'il se connecte au service, le client dispose ainsi directement d'une vision globale, adaptée à ses besoins, de ses finances et de son budget, sans avoir à faire d'efforts de gestion. Le coût de cette solution est évidemment bien plus élevé qu'un service "automatique" (de 39 à 149$ par mois) mais la valeur apportée est sans commune mesure et pourra certainement séduire une certaine catégorie de population (plutôt aisée, vraisemblablement, donc potentiellement intéressante).
La solution de Balance Financial soulève quelques questions, en particulier en termes de sécurité : les conseillers doivent en effet avoir un accès relativement complet aux comptes des clients, ce qui ouvre la porte à des risques de fraude.
En ce sens, ne pourrait-on pas envisager la mise en place de ce type de service par une banque, qui aurait l'avantage d'inspirer, a priori, confiance (malgré la tendance négative actuelle) sur les questions d'argent ? Il s'agirait en quelque sorte de transposer un modèle de gestion de patrimoine (ou de fortune) vers les besoins quotidiens d'une catégorie plus large de la population et de créer ainsi un nouveau marché... Du moins en attendant que les logiciels ne deviennent suffisamment puissants pour remplacer les conseillers humains.
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