Au début de l'année, je cédais, comme beaucoup d'autres, à la tentation de jouer les oracles, avec 5 anti-prédictions pour les banques françaises en 2011. Un an plus tard, je vous propose de faire le point sur leur réalisation et de mesurer ainsi les progrès accomplis (ou non) dans les 5 grands domaines d'innovation du moment.
PFM
En 2011, la gestion de finances personnelles (PFM) a continué sa progression dans le monde, prenant parfois de nouvelles directions (la ludification, par exemple). Si de nombreuses banques américaines ont maintenant adopté ces outils, les progrès en France sont restés plutôt timides.
Cependant, la situation a évolué plus rapidement que je ne l'envisageais en janvier : outre les progrès du "MoneyCenter" de Boursorama, devenu multi-banques, BNP Paribas a fait un premier (petit) pas en direction de la gestion de budget au sein de son service de banque en ligne tandis que le Crédit Agricole enrichissait les fonctions de gestion financière disponibles dans son application mobile (notamment sur iPad).
En parallèle, les acteurs indépendants ont continué à se développer dans l'hexagone. Linxo, qui réoriente sa stratégie vers un modèle payant et une application mobile, a ainsi été rejoint récemment par Bankin, dont les recettes sont à peu près identiques. Et, malgré les risques qu'elles présentent pour la sécurité des données bancaires, ces approches semblent rencontrer leur public et confirmer, s'il en était besoin, l'intérêt des consommateurs pour la gestion de finances personnelles, surtout en temps de crise.
Paiement mobile
Le paiement via le téléphone n'a toujours pas décollé en 2011 mais le secteur a (enfin !) vécu quelques bouleversements prometteurs.
Du côté du paiement sans contact (NFC) sur mobile, sans surprise et comme prévu, la situation n'a quasiment pas évolué en France, avec des expérimentations qui se multiplient (en particulier sous la bannière Cityzi), sans objectifs bien clairs ni résultats probants... C'est donc de Google qu'est venue la nouveauté, avec Wallet, et, bien qu'elle ne concerne pas encore le vieux continent, cette irruption va très certainement secouer les apathies actuelles.
En ce qui concerne les paiements P2P (de "pair à pair"), les banques françaises se sont montrées plus actives. Se sont ainsi succédés la BRED (groupe Banque Populaire), avec NotreBanque, le Crédit Mutuel, qui a "réveillé" Pay2You à l'occasion du lancement de BeMix (ces deux-là ne sont pas très mobiles, cependant), et BNP Paribas et son application "Mes Transferts" incluse dans sa palette de nouveaux services mobiles... Mais, surtout, le Crédit Agricole a lancé Kwixo, qui pourrait devenir un vrai concurrent français (européen ?) de PayPal.
Malgré tout, il est encore trop tôt pour voir dans ces initiatives l'engouement que j'espérais il y a un an. Les dernières tendances dans le domaine (par exemple Kaching de CBA ou PayPal et son incursion dans le commerce de proximité) laissent penser que l'avenir est probablement plus aux solutions intégrées, couvrant toutes les problématiques de paiement sous une interface universelle...
Banque mobile
Comme il était facile de le prévoir, les services de banque mobile ont progressé dans la continuité, sans introduire les modèles disruptifs que promettent toujours certains acteurs.
L'année écoulée a néanmoins apporté son lot de nouveautés, dont certaines esquissent ce que pourraient être ces vraies transformations attendues. Je pense par exemple à l'épargne d'impulsion inventée par WestPac ou encore l'AppStore (quoiqu'un peu trompeur) de La Caixa.
En France, on s'intéressera à l'affrontement entre deux approches distinctes, représentées par, d'une part, BNP Paribas qui multiplie les applications mobiles à usage "ciblé" (par exemple la consultation "immédiate" du solde de compte), et, d'autre part, le Crédit Agricole dont la solution "Mon Budget" commence à rassembler le meilleur de la banque dans un logiciel intégré.
Cloud computing
S'il faut en croire la communication officielle (ou, plutôt, son absence) le cloud computing a connu une année encore plus noire que je ne le pressentais.
A travers le monde, quelques retours d'expérience sur l'utilisation des "nuages" publics ont pu émerger ça et là (par exemple celui de Bankinter) mais ce sont surtout des implémentations de "clouds internes" qui ont été mises en avant (comme chez JP Morgan ou ING).
Et encore, la plupart de ces cas concernent-ils des applications non critiques, quand il ne s'agit pas de "cloudwashing" (c'est-à-dire une qualification abusive de cloud pour de simples efforts de virtualisation).
En France, aucune banque n'a annoncé la moindre initiative, ce qui traduit bien l'attentisme actuel, même s'il est certain que quelques implémentations ont été réalisées (en particulier dans les fonctions "support", telles que les DRH).
Green IT
Pour le Green IT aussi, l'année a été peu propice aux progrès et, plus généralement, il semblerait que le développement durable soit passé directement de l'effet de mode à l'oubli, non seulement en France mais aussi à l'échelle de la planète entière.
Même les promesses de réduction des coûts, qui pourraient rencontrer un écho dans une conjoncture économique difficile, ne font apparemment plus recette. Les seuls espoirs pour ceux qui se préoccupent de l'environnement résideront donc dans une hypothétique flambée des prix de l'énergie ou une improbable "taxe carbone"...
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