L'actualité récente a encore été riche d'annonces dans le secteur des paiements sur mobile mais les "vraies" nouveautés se font malgré tout plus rares, ce qui est probablement le signe d'une maturité (enfin) proche. Je ne reviendrai pas sur l'"affaire" des failles de sécurité de Google Wallet (montées en épingle par la presse mais pas si dramatiques qu'il y paraît) et une seule startup du m-paiement (Seamless SEQR) figurera dans cette sélection, aux côtés d'autres sujets, du m-banking (Boursorama) à la co-innovation (First Direct), en passant par les nouvelles APIs d'American Express et une idée surprenante de l'assureur Generali.
Boursorama Banque vient de lancer la nouvelle version de son application mobile (pour iPhone et Android) et la promotion bat son plein autour de l'intégration de l'accès aux marchés boursiers (en consultation mais aussi pour la passation d'ordres), qui était très attendue par les clients fidèles de la marque et de son activité historique.
Pourtant, c'est bien une fonction bancaire qui m'interpelle parmi les nouveautés introduites : il devient en effet possible de préparer et envoyer un chèque depuis son téléphone. L'utilisateur n'a qu'à sélectionner le compte sur lequel le chèque sera tiré, puis à saisir son montant et fournir les coordonnées du destinataire. La banque se charge de l'impression et de l'envoi du chèque, ne facturant au client que l'affranchissement (en recommandé ou non).
Alors que la profession cherche par tous les moyens à faire disparaître ce moyen de paiement archaïque et que de plus en plus de ses concurrentes (comme BNP Paribas récemment) mettent en place des services de virement bancaire "simplifiés", qui pourraient s'y substituer, le choix de Boursorama de mettre le chèque ainsi en avant ne manque pas d'étonner...
Le Lab de First Direct, invitant les consommateurs à participer à la création des services de la banque britannique, fête son premier anniversaire et un retour d'expérience récent permet de revenir sur cette initiative.
Le cas en question est parti du constat que les clients souhaitaient que les cartes de débit et de crédit de l'établissement soient mieux différenciées pour les identifier plus facilement. Les propositions de nouveau design de carte de débit qui leur ont été soumises via le Lab ont suscité une participation soutenue (128 commentaires et plus de 320 votes), ce qui constitue un certain succès pour cette démarche.
En revanche, le résultat final a du être difficile à admettre pour First Direct, puisque la majorité a rejeté les nouveaux designs, préférant conserver le format actuel. La banque doit cependant être applaudie car, allant au bout de sa logique, elle accepte ce verdict et prépare de nouvelles propositions (pour sa carte de crédit, cette fois).
L'ouverture des données et services financiers aux développeurs est (presque) un classique des grandes entreprises technologiques du secteur (PayPal en tête) mais les exemples sont beaucoup plus rares parmi les établissements historiques.
American Express franchit le pas en dévoilant ses APIs ("Application Programming Interfaces", interfaces de programmation). Celles-ci donneront accès, naturellement, aux services de paiement du réseau mais également à ses outils de gestion d'autorisations et de sécurité (prévention de fraude).
Logiquement, je devrais me réjouir d'une telle ouverture mais je crains qu'il ne s'agisse ici que d'un demi-effort. En effet, les modalités techniques d'utilisation des services d'AmEx ne me paraissent pas aussi simples qu'elles pourraient l'être et, surtout, il semblerait que seuls les partenaires de la marque pourront en bénéficier, ce qui en limite singulièrement l'intérêt. Décidément, ce genre d'exercice est bien difficile pour les institutions financières...
Pour les compagnies d'assurance, les applications mobiles constituent une nouvelle opportunité de maintenir une relation avec leurs clients, qui se réduit généralement aux courriers de facturation des primes annuelles. Encore leur faut-il trouver les bonnes idées pour intéresser les consommateurs dans la durée.
Generali a choisi une approche originale pour développer et maintenir sa présence sur l'AppStore d'Apple, en offrant gratuitement (à tous) le téléchargement d'une application habituellement payante.
Le titre choisi pour cette opération est tout de même surprenant : "Quick Invoice" est une solution de facturation sur mobile, qui permet donc de préparer, créer et envoyer (par mail) des factures. Outre son peu de rapport avec le secteur de l'assurance, sa traduction française approximative donne une impression de mauvaise qualité assez peu compatible avec l'image de Generali...
La startup du paiement sur mobile de cette série sera une suédoise, Seamless, dont la solution SEQR, sans être révolutionnaire, me semble introduire une part de nouveauté dans son approche, combinant virements bancaires et QR code.
La société se positionne comme un intermédiaire technologique dans un écosystème complet de paiement, comprenant consommateurs, commerçants et banques.
Le fonctionnement de SEQR est relativement simple pour ses utilisateurs. Le commerçant enregistre la transaction sur son terminal, qui la transmet aux serveurs de Seamless. Le client, de son côté, scanne sur son téléphone le QR code de la caisse, celui-ci est envoyé aux mêmes serveurs, qui sont alors capables de réconcilier les deux parties. Une confirmation est demandée au consommateur, toujours sur son mobile, après quoi le système réalise le virement correspondant.
Si cette solution a le mérite d'une certaine originalité "technique", ses grands principes (virements et échanges tri-partites) sont finalement assez classiques. Il est difficile de croire au succès alors que les "grands" (Google ou PayPal) investissent le secteur du paiement de proximité avec des moyens autrement plus importants.
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