Le "cloud computing" a tenu le haut de l'affiche en 2011 et devrait y rester en 2012, si on en croit tous les oracles des technologies. Pourtant, les exemples d'adoption dans les services financiers, sans être totalement inexistants, sont encore bien rares. Le projet dbCloud de Deutsche Bank, qui vient d'être distingué [lien PDF] par un prix de l'ODCA ("Open Data Center Alliance"), fait donc encore figure d'exception.
Comme il se doit pour une banque, l'approche est, dans un premier temps en tous cas, très prudente, à la fois parce qu'elle concerne uniquement la population des développeurs de logiciels et parce qu'elle reste confinée dans les murs de l'entreprise. Contrairement à d'autres expériences abusivement qualifiée de "cloud" interne, celle-ci mérite sa caractérisation puisqu'il ne s'agit pas uniquement de virtualisation à l'échelle industrielle mais qu'elle s'accompagne aussi d'outils et d'une organisation facilitant grandement l'accès aux infrastructures, "à la demande".
Ces principes se traduisent concrètement par une allocation de ressources informatiques entièrement automatisée. Le développeur enregistre sa demande sur un portail de l'intranet, pour laquelle, selon son niveau d'habilitation, une autorisation est demandée à son supérieur hiérarchique (toutes ces informations sont extraites directement des annuaires de l'entreprise) et, dès l'accord obtenu, la "machine" (virtuelle) demandée est mise à disposition en moins d'une heure. Le fonctionnement est identique pour l'installation de logiciels, avec la particularité supplémentaire dans ce cas que le système gère un "pot commun" de licences, attribuées pour un temps limité (avec des relances régulières pour remettre en circulation celles qui ne sont plus utilisées).
Dans cette première expérience, Deutsche Bank a essentiellement visé un objectif de réduction des coûts. La gestion de licences logicielles partagées, l'automatisation, ainsi que la standardisation et la centralisation des composants mis à disposition des développeurs (l'administration s'en trouvant fortement allégée) y participent naturellement. Mais les efforts ont aussi porté sur le support et l'assistance, qui sont, pour une large part, assurés à travers de nouveaux outils collaboratifs accessibles en self-service.
Pour la banque, dbCloud n'est qu'une première étape, de familiarisation avec le nuage dans un environnement relativement peu risqué. Mais la voie est déjà tracée pour les futures extensions. Il s'agira tout d'abord de "sortir" des centres de productions informatiques internes et d'adapter le modèle mis en place aux offres de "cloud" publiques, une phase qui a été préparée dès l'origine du projet. Ensuite viendront les premières déclinaisons sur des applications, peu critiques, et non plus seulement sur les environnements de développement.
L'approche de Deutsche Bank constitue incontestablement un modèle à suivre pour toutes les entreprises qui croient au "cloud computing" sans être particulièrement hardies. Ses étapes successives permettent en effet aux équipes concernées de s'approprier et de maîtriser successivement chacune des spécificités de ce nouveau paradigme de l'informatique : l'administration des ressources "à la demande", puis la gestion de la relation avec un fournisseur externe, puis le pilotage des applications... L'apprentissage risque d'être long mais il sera certainement fructueux.
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