Voilà le retour de cette période particulière de l'année où tous les analystes de la terre rivalisent de prédictions pour l'avenir. Premier à se lancer dans cet exercice, le cabinet IDC livre sa vision pour 2012 et au-delà, que je résumerai par l'expression : "début de la bataille pour 2020" (inspirée du sous-titre du rapport, "Competing for 2020").
Mais avant de nous projeter dans le futur, je vous propose un court retour en arrière, sur les prédictions d'IDC pour 2011. Au premier rang de celles-ci, la croissance des dépenses informatiques a dépassé les projections initiales, pourtant optimistes. Du côté des technologies, le mobile, les réseaux sociaux et le cloud computing n'ont effectivement pas manqué de se développer à un rythme soutenu, même si, dans les détails, toutes les prédictions n'ont pas été concrétisées. Globalement, IDC ne se tire pas mal de cette petite vérification de pertinence.
En 2012, la continuité prévaudra et les mêmes thèmes resteront d'actualité. En revanche, il s'agira d'une année charnière, au cours de laquelle commenceront à se dégager les leaders (et les perdants) du secteur technologique de la prochaine décennie. Celle-ci fixera le point de départ d'une troisième génération de plates-formes (après les mainframes et les PC en réseau), caractérisée par (évidemment !) les mobiles, les médias sociaux, le cloud et big data.
Ainsi, 2012 va être l'année où les réseaux, appareils et applications mobiles vont prendre le pas sur leurs équivalents "fixes", avec une explosion des solutions (nombre d'utilisateurs, nombre d'applications...). Dans le cas des systèmes d'exploitation, la concurrence va devenir féroce entre les leaders actuels (Apple et Google) et leurs challengers (RIM et Microsoft, ainsi que HP, qui reviendrait dans la bataille). Les mois qui viennent vont s'avérer décisifs pour déterminer si ces derniers ont un avenir.
Le cloud computing va vivre à nouveau une année de croissance extrême, accompagnée d'une intensification de la guerre que se livrent les grands fournisseurs de plates-formes (Amazon, Google, IBM, Microsoft, Oracle, Salesforce, VMWare...), qui va aussi accélérer les concentrations. Autre signe de l'arrivée à maturité, les acteurs vont progressivement passer de systèmes spécifiques à des solutions du marché, en particulier pour l'administration. De plus, 80% des nouveaux progiciels seront désormais conçus directement pour le "nuage".
Dans le domaine des réseaux sociaux, une même tendance aux fusions-acquisitions va affecter les éditeurs de plates-formes d'entreprise (IDC cite, par exemple, Microsoft et LinkedIn ou SAP et Jive). Côté grand public, Facebook vise à devenir la solution de choix pour la relation B2C (et semble déjà en bonne voie d'y parvenir).
Sans surprise, après la médiatisation du sujet en 2011, le mouvement big data va susciter de nouveaux développements de produits décisionnels et analytiques, exploitant et combinant bases de données en mémoire, fonctions d'analyse intégrées , appliances dédiées... A mon sens, il reste cependant à voir si les utilisateurs parviendront à la maturité nécessaire pour exploiter ces outils.
Enfin, IDC se permet un détour parmi ces tendances "lourdes" en citant l'internet des objets dans sa liste de prédictions. Le cabinet ne s'avance cependant pas beaucoup sur le sujet, si ce n'est pour annoncer que, d'ici moins de 2 ans, les appareils connectés seront 2 fois plus nombreux que les outils informatiques traditionnels. Les analystes laissent imaginer les opportunités que cette tendance peut offrir, avec la popularisation des technologies NFC et de microblogging (pour les échanges d'information entre objets et personnes), sans en préciser plus les contours.
En termes de marché global, les dépenses informatiques devraient continuer à progresser à un niveau similaire à celui de 2011 (proche de 7%). Mais la situation sera très contrastée entre les pays émergents, qui tirent la plus grande partie de cette croissance et l'Europe où la crise de l'euro pourrait la rabaisser à 2%...
En conclusion, 2012 va certainement ressembler à 2011 mais, si on en croit IDC, l'année sera (encore) plus passionnante à suivre, en raison de l'élévation du niveau des enjeux (vitaux) qui se joueront entre les acteurs des technologies.
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