Prenez n'importe quelle présentation de la « blockchain », l'immutabilité des informations qu'elle gère est toujours présentée comme l'un de ses avantages capitaux. Aussi, quand Accenture se vante d'introduire une avancée majeure en violant cette propriété fondamentale, sa démarche est la risée d'une bonne partie de la communauté, avec raison.
L'« invention » proposée par Accenture consiste à permettre les modifications a posteriori du contenu d'une « blockchain », dans des circonstances qui devraient rester exceptionnelles, sous une autorité et une gouvernance prédéterminées. Bien entendu, ce principe ne peut être applicable que dans le contexte d'une instance privée ou semi-privée, puisque, avec les implémentations publiques (telles que celles de bitcoin et Ethereum), il n'existe (et ne peut exister) aucune instance de contrôle centralisée.
Ce n'est probablement pas un pur hasard si cette annonce intervient 3 mois après l'affaire qui a ébranlé The DAO et, par rebond l'écosystème Ethereum. Il pourrait même être argué qu'elle en est une conséquence logique et, dans un sens, dramatique. Car un des objectifs affichés par la technologie d'Accenture est justement de proposer un mécanisme permettant, entre autres, de réparer, dans un cadre bien défini, les erreurs humaines et les fraudes sur une « blockchain » qui ne supporte pas, normalement, d'altérations.
Or les cas de mise en œuvre cités sont fallacieux. Dans les applications sensibles, et plus particulièrement lorsqu'elles sont placées sous la responsabilité d'institutions financières, il ne peut raisonnablement être envisagé d'« effacer » une erreur humaine ou une fraude en manipulant les livres de comptes… Et l'hypothèse (également invoquée par Accenture) du droit à l'oubli nécessitant une intervention dans la « blockchain » serait en fait un révélateur d'une grave anomalie de conception (en l'occurrence, la conservation irréversible de données susceptibles de devoir être détruites).
L'« invention » proposée par Accenture consiste à permettre les modifications a posteriori du contenu d'une « blockchain », dans des circonstances qui devraient rester exceptionnelles, sous une autorité et une gouvernance prédéterminées. Bien entendu, ce principe ne peut être applicable que dans le contexte d'une instance privée ou semi-privée, puisque, avec les implémentations publiques (telles que celles de bitcoin et Ethereum), il n'existe (et ne peut exister) aucune instance de contrôle centralisée.
Ce n'est probablement pas un pur hasard si cette annonce intervient 3 mois après l'affaire qui a ébranlé The DAO et, par rebond l'écosystème Ethereum. Il pourrait même être argué qu'elle en est une conséquence logique et, dans un sens, dramatique. Car un des objectifs affichés par la technologie d'Accenture est justement de proposer un mécanisme permettant, entre autres, de réparer, dans un cadre bien défini, les erreurs humaines et les fraudes sur une « blockchain » qui ne supporte pas, normalement, d'altérations.
Or les cas de mise en œuvre cités sont fallacieux. Dans les applications sensibles, et plus particulièrement lorsqu'elles sont placées sous la responsabilité d'institutions financières, il ne peut raisonnablement être envisagé d'« effacer » une erreur humaine ou une fraude en manipulant les livres de comptes… Et l'hypothèse (également invoquée par Accenture) du droit à l'oubli nécessitant une intervention dans la « blockchain » serait en fait un révélateur d'une grave anomalie de conception (en l'occurrence, la conservation irréversible de données susceptibles de devoir être détruites).
En outre, au-delà de la remise en cause de l'immutabilité, l'idée d'Accenture représente une sérieuse menace pour une autre propriété essentielle des « blockchains » : l'intégrité des informations qui y sont conservées. En effet, la création d'un rôle d'administrateur, doté d'un « super-pouvoir » de mise à jour sur le contenu, aussi sécurisé soit-il, constitue une porte ouverte sur de possibles détournements, prises de contrôle et autres fraudes, dont l'histoire prouve qu'elle sera nécessairement exploitée un jour ou l'autre.
Ce que révèle avant tout cette initiative est la frilosité (de la plupart) des institutions financières – directement ciblées et dont Accenture essaie (sans surprise) d'adresser les inquiétudes – vis-à-vis des innovations potentiellement radicales. Incapables d'accepter une rupture trop marquée avec leurs modèles habituels, mais malgré tout stimulées par la pression de la mode de la « blockchain », elles en dénaturent les principes – d'abord l'absence d'autorité de confiance, à travers ses déclinaisons privées, puis, maintenant, l'immutabilité – afin de la ramener sur un terrain familier, acceptable.
Malheureusement, ce qu'elles ne réalisent pas quand elles s'engagent dans ce parcours « à rebours », c'est qu'elles finiront fatalement par revenir à leur point de départ. Il n'est pourtant pas si difficile de constater que ce qu'elles prétendent faire demain avec leurs « blockchains » privées pourrait l'être aujourd'hui – à moindre coût et sans sacrifier les bénéfices supposés de la pseudo-innovation – avec les technologies de bases de données traditionnelles qu'elles maîtrisent parfaitement depuis des lustres.
Ce que révèle avant tout cette initiative est la frilosité (de la plupart) des institutions financières – directement ciblées et dont Accenture essaie (sans surprise) d'adresser les inquiétudes – vis-à-vis des innovations potentiellement radicales. Incapables d'accepter une rupture trop marquée avec leurs modèles habituels, mais malgré tout stimulées par la pression de la mode de la « blockchain », elles en dénaturent les principes – d'abord l'absence d'autorité de confiance, à travers ses déclinaisons privées, puis, maintenant, l'immutabilité – afin de la ramener sur un terrain familier, acceptable.
Malheureusement, ce qu'elles ne réalisent pas quand elles s'engagent dans ce parcours « à rebours », c'est qu'elles finiront fatalement par revenir à leur point de départ. Il n'est pourtant pas si difficile de constater que ce qu'elles prétendent faire demain avec leurs « blockchains » privées pourrait l'être aujourd'hui – à moindre coût et sans sacrifier les bénéfices supposés de la pseudo-innovation – avec les technologies de bases de données traditionnelles qu'elles maîtrisent parfaitement depuis des lustres.
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