Quand Arun Krishnakumar, investisseur spécialisé dans l'inclusion, esquisse, au fil d'un article pour Daily FinTech, une vision de l'innovation financière contrastant les approches des marchés émergents avec celles des pays développés, il touche un nerf sensible qui mérite certainement d'être exploré un peu plus en profondeur.
Quelques exemples représentatifs de l'histoire de la FinTech en Asie et en Afrique permettent de prendre conscience d'une particularité qui peut être aisément généralisée (même si elle n'est pas entièrement exclusive) : depuis les débuts de m-Pesa au Kenya jusqu'aux incursions financières des acteurs de la mobilité alternative (Bykea, Go-Jek, Grab…), en passant par les incontournables Alibaba et WeChat, ce sont des frictions dans des expériences de vie courante qui ont déclenché la plupart de ces initiatives.
Ainsi, l'histoire des paiements via le téléphone mobile a commencé avant que des opérateurs ne s'en emparent, avec des consommateurs qui s'échangeaient des minutes de communication de manière informelle. Une fois l'opportunité détectée, il ne restait plus qu'à un industriel suffisamment attentif aux besoins de ses clients (Safaricom, en l'occurrence) de capitaliser sur la tendance, en simplifiant l'usage, puis en l'enrichissant de services complémentaires continuant à faire du sens pour les utilisateurs.
Du côté des trublions asiatiques, ce sont plutôt les parcours de consommation qui ont suscité les vocations : sous ses différentes facettes, le m-commerce se trouvait handicapé par des méthodes de paiement inadaptées et, surtout, réservées à une fraction de sa cible de clientèle. Afin de lever un tel frein à leur expansion, les startups locales se sont résolues à prendre le taureau par les cornes et créer leurs propres solutions… qui ne demandent plus ensuite qu'à se développer dans toutes les dimensions.
Par opposition, la FinTech de nos contrées (Amérique du Nord, Australie, Europe…) est beaucoup plus centrée sur le volet financier. Son objectif consiste souvent à tenter de ré-inventer l'expérience des produits et services bancaires (ou d'assurance) eux-mêmes, probablement parce que celle-ci est inscrite dans les habitudes de l'immense majorité de la population et qu'elle constitue de la sorte le point de focalisation des douleurs justifiant une innovation. L'archétype de cette orientation est la néo-banque à l'occidentale.
Le défaut de cette démarche est qu'elle limite singulièrement l'horizon sur les possibilités de rupture, car elle prend pour référence les systèmes existants, qu'il s'agit alors d'améliorer, sans fondamentalement les remettre en cause. Or, dans un monde en pleine transformation, il serait plus utile et, finalement, plus efficace de repartir d'une feuille blanche, afin d'imaginer les outils financiers qui seraient les plus appropriés pour nos nouvelles façons d'interagir, acheter, louer, vendre, échanger, partager…
Mais, en pratique, est-il envisageable d'adopter dans nos régions les recettes des stars chinoises et africaines ? Rien n'est moins sûr. D'une part, leurs solutions peuvent être difficiles à intégrer, telles quelles, dans des pratiques quotidiennes différentes de celles de leur marché d'origine. D'autre part, leurs processus de conception radicale se heurteraient ici aux dispositifs existants, dont l'expérience n'est pas si désastreuse qu'une autre puisse s'imposer rapidement et (plus ou moins) naturellement, par un avantage manifeste.
Pourtant, les exemples de services financiers immergés dans des moments de vie, qui représentent l'avenir du secteur partout sur la planète, apparaissent aussi dans les pays développés. La spécificité à laquelle ils sont confrontés est qu'ils ne peuvent jamais s'affranchir de l'environnement dans lequel ils sont déployés. C'est une contrainte que nul ne peut ignorer, surtout dans la recherche d'inspiration à l'autre bout du monde.
Quelques exemples représentatifs de l'histoire de la FinTech en Asie et en Afrique permettent de prendre conscience d'une particularité qui peut être aisément généralisée (même si elle n'est pas entièrement exclusive) : depuis les débuts de m-Pesa au Kenya jusqu'aux incursions financières des acteurs de la mobilité alternative (Bykea, Go-Jek, Grab…), en passant par les incontournables Alibaba et WeChat, ce sont des frictions dans des expériences de vie courante qui ont déclenché la plupart de ces initiatives.
Ainsi, l'histoire des paiements via le téléphone mobile a commencé avant que des opérateurs ne s'en emparent, avec des consommateurs qui s'échangeaient des minutes de communication de manière informelle. Une fois l'opportunité détectée, il ne restait plus qu'à un industriel suffisamment attentif aux besoins de ses clients (Safaricom, en l'occurrence) de capitaliser sur la tendance, en simplifiant l'usage, puis en l'enrichissant de services complémentaires continuant à faire du sens pour les utilisateurs.
Du côté des trublions asiatiques, ce sont plutôt les parcours de consommation qui ont suscité les vocations : sous ses différentes facettes, le m-commerce se trouvait handicapé par des méthodes de paiement inadaptées et, surtout, réservées à une fraction de sa cible de clientèle. Afin de lever un tel frein à leur expansion, les startups locales se sont résolues à prendre le taureau par les cornes et créer leurs propres solutions… qui ne demandent plus ensuite qu'à se développer dans toutes les dimensions.
Par opposition, la FinTech de nos contrées (Amérique du Nord, Australie, Europe…) est beaucoup plus centrée sur le volet financier. Son objectif consiste souvent à tenter de ré-inventer l'expérience des produits et services bancaires (ou d'assurance) eux-mêmes, probablement parce que celle-ci est inscrite dans les habitudes de l'immense majorité de la population et qu'elle constitue de la sorte le point de focalisation des douleurs justifiant une innovation. L'archétype de cette orientation est la néo-banque à l'occidentale.
Le défaut de cette démarche est qu'elle limite singulièrement l'horizon sur les possibilités de rupture, car elle prend pour référence les systèmes existants, qu'il s'agit alors d'améliorer, sans fondamentalement les remettre en cause. Or, dans un monde en pleine transformation, il serait plus utile et, finalement, plus efficace de repartir d'une feuille blanche, afin d'imaginer les outils financiers qui seraient les plus appropriés pour nos nouvelles façons d'interagir, acheter, louer, vendre, échanger, partager…
Mais, en pratique, est-il envisageable d'adopter dans nos régions les recettes des stars chinoises et africaines ? Rien n'est moins sûr. D'une part, leurs solutions peuvent être difficiles à intégrer, telles quelles, dans des pratiques quotidiennes différentes de celles de leur marché d'origine. D'autre part, leurs processus de conception radicale se heurteraient ici aux dispositifs existants, dont l'expérience n'est pas si désastreuse qu'une autre puisse s'imposer rapidement et (plus ou moins) naturellement, par un avantage manifeste.
Pourtant, les exemples de services financiers immergés dans des moments de vie, qui représentent l'avenir du secteur partout sur la planète, apparaissent aussi dans les pays développés. La spécificité à laquelle ils sont confrontés est qu'ils ne peuvent jamais s'affranchir de l'environnement dans lequel ils sont déployés. C'est une contrainte que nul ne peut ignorer, surtout dans la recherche d'inspiration à l'autre bout du monde.
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