Alors que les consommateurs sont de plus en plus demandeurs d'instantanéité, la plupart des institutions financières fonctionnent au rythme de traitements quotidiens qui révèlent l'état réel de leurs comptes avec des jours de retard. Avec les outils tiers (par exemple de PFM) qui agrègent leurs données bancaires, la situation est encore pire.
La faculté de voir ses dépenses imputées immédiatement et être ainsi assuré de connaître son solde vraiment disponible, sans crainte de mauvaise surprise, est une des fonctions des néo-banques parmi les plus prisées, au point d'être copiée par quelques établissements traditionnels. Hélas, non seulement n'est-elle pas généralisée, mais elle est à ce jour inaccessible aux adeptes de solutions reposant sur l'accès aux informations de comptes tel que le rend notamment possible la directive européenne DSP2.
Afin de pallier cette lacune anachronique, le spécialiste américain de l'agrégation Plaid déploie une première brique, permettant aux banques avec lesquelles il collabore de mettre en place un canal d'alimentation en temps réel. Grâce à cette option additionnelle, la plate-forme de la filiale de Visa est notifiée dès l'enregistrement d'une nouvelle transaction dans les systèmes du fournisseur et celle-ci se trouve alors intégrée sans délai dans les flux mis à la disposition des applications utilisatrices.
Certes, il reste encore un très long chemin à parcourir entre cette timide initiative et la cible ultime, idéale, d'un service de partage de données financières entièrement synchrone. Au début, l'obstacle sera, évidemment, la persistance précédemment évoquée des modes opératoires différés au sein des banques, pour les paiements par carte dans une majorité d'entre elles et pour quasiment tous les virements (en attendant que les transferts instantanés gagnent en popularité, ou, plutôt, deviennent la norme).
Cependant, la difficulté majeure sera, plus que jamais, de convaincre les institutions financières de jouer le jeu de l'ouverture. En effet, même si elles se mettent sérieusement au temps réel, elles risquent de succomber à la tentation d'en faire un avantage concurrentiel, et d'en conserver l'exclusivité pour leurs propres usages, quitte à frustrer leurs clients qui préfèreraient les expériences proposées par d'autres acteurs ou qui, simplement, désirent piloter leur argent, où qu'il soit détenu, depuis un logiciel unique.
Après les innombrables opportunités créées par les prémices actuelles de la banque ouverte (« open banking »), il ne fait aucun doute que sa transition vers le temps réel susciterait une vague supplémentaire d'innovations, au service du grand public et des entreprises. Malheureusement, il semble que les banques n'aient toujours pas pris conscience de l'enjeu de l'immédiateté et il est à craindre que – encore une fois ! – seule une approche réglementaire soit en mesure d'enclencher la transformation nécessaire.
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