Les institutions financières du monde entier réagissent différemment aux contraintes imposées par la crise sanitaire à l'organisation du travail. Toutes ont cependant la même préoccupation de pertes d'efficacité dues au télétravail généralisé. Dans cette optique, UBS explore les opportunités de la réalité virtuelle auprès de ses traders.
Un des plus ardents défenseurs du maintien des collaborateurs dans les bureaux, Jamie Dimon, directeur général de JPMorgan, évoque à la fois les dérives de productivité observées ces derniers temps chez ceux qui restent à domicile et les dangers de la « désocialisation » associée (comparant le taux de mortalité de la pandémie avec les risques de suicide et… d'overdose !) pour justifier son injonction de retour dans les locaux, immédiatement contrariée en raison de l'apparition d'un cas de COVID-19.
Sans être aussi extrémistes, d'autres banques s'inquiètent tout de même de l'impact de l'isolation prolongée de leurs équipes de trading, habituellement installées dans d'immenses espaces ouverts, au sein desquels s'instaure implicitement, grâce aux contacts permanents avec leurs collègues aux spécialités variées, un modèle de collaboration informel stimulant et où l'atmosphère qui règne constitue un facteur de performance invisible mais puissant (et stressant, mais ceci est un autre sujet).
Afin de restaurer cette ambiance dans les bureaux improvisés des employés qui préfèrent (ou sont obligés de) rester chez eux, UBS (dont le DG Sergio Ermotti exprime aussi ses craintes pour la culture d'entreprise) a donc commencé, selon un article du Financial Times, à expérimenter l'utilisation de la technologie HoloLens de Microsoft, dans le cadre de ses activités basées à Londres (aujourd'hui sous menace de reconfinement). L'objectif visé est d'immerger l'opérateur dans un environnement mixte qui combine son poste de travail individuel avec une représentation virtuelle, vivante, de la salle des marchés.
En l'absence de précisions sur le dispositif de la banque suisse, il ne reste qu'à s'interroger sur sa portée concrète. En effet, il me semble indispensable qu'il permette les interactions entre participants, en totale transparence, pour remplir activement sa mission de substitution à une expérience de proximité. Or je doute que les solutions disponibles à ce jour possèdent des capacités de cet ordre (le cas le plus semblable que je connaisse se contentait de réunions à distance, avec quelques personnes).
Les perspectives de perturbation durable des conditions normales de travail, qui pourraient aussi déboucher sur des changements profonds de comportements et une accoutumance des salariés à de nouvelles pratiques, engendrent naturellement des questionnements sur la structuration traditionnelle des entreprises. Après l'explosion de popularité des outils de visioconférence, il faut s'attendre à un déferlement d'innovations permettant d'adapter l'environnement professionnel aux exigences qui émergent actuellement et qui n'autorisent pas toujours un fonctionnement optimal.
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