Profitant de la stabilisation progressive des implémentations par les banques européennes de deux grandes initiatives de ces dernières années, la deuxième directive des services de paiement (DSP2) et le virement SEPA instantané, BNP Paribas lance Instanea, un nouveau mode de paiement à l'attention des commerçants (en ligne).
Après l'exemple historique du système SoFort allemand, les tentatives successives d'innombrables startups partout dans le monde, l'expérience en boutique d'Arkéa il y a quelques mois…, la banque verte se lance donc dans cette aventure si tentante, consistant à substituer aux règlements par carte, omniprésents sur le web et sur mobile, un dispositif, rendu possible et viable par la réglementation, s'appuyant sur un simple virement interbancaire, plus efficace, plus rapide, mieux sécurisé…
Le principe est désormais classique : lors de la finalisation de sa commande, le client se voit présenter une nouvelle option de paiement, en complément des méthodes habituelles, qui va lui proposer pour régler ses emplettes de se connecter directement – par le biais de la technologie d'agrégation du spécialiste international de l'open banking Token – à la plate-forme de son établissement afin de déclencher un transfert instantané (le cas échéant ?) depuis son compte courant vers celui de son fournisseur.
Les arguments développés en vue de séduire les professionnels sont plutôt convaincants. Il est d'abord question de la facilité d'installation d'Instanea sur un site de vente en ligne. Ensuite, seule la marque BNP Paribas est visible dans le parcours de paiement, de manière à rassurer les consommateurs. Surtout, les recettes sont versées sans délai sur le compte de l'entreprise et le recours à une transaction initiée dans l'espace de la banque élimine les risques de répudiation ou de défaut de provision.
En revanche, les faiblesses et limitations intrinsèques à l'approche adoptée ne trouvent toujours pas de parade dans cette implémentation. La principale concerne l'expérience utilisateur, avec un processus qui implique : sélection de la banque, ouverture de session (y compris, bien sûr, les mécanismes d'authentification forte en vigueur aujourd'hui), choix du compte à débiter, validation de l'opération et retour. La comparaison avec le paiement par carte, qui bénéficie en outre de sa familiarité universelle, n'est pas à son avantage…
À cela s'ajoutent encore quelques inquiétudes techniques, notamment du côté de la fiabilité et de la stabilité des API réglementaires, déployées depuis peu, qui sont supposées donner accès aux fonctions de virement des banques. À plus long terme, peut-être faudrait-il également s'interroger sur la faculté des applications informatiques existantes, conçues pour un volume d'échanges maîtrisé, à supporter la croissance d'activité que susciterait l'absorption d'une part significative du e-commerce.
Il n'y a probablement rien à craindre dans ce registre avant plusieurs années, car, au vu des obstacles qui restent à surmonter pour espérer convaincre une frange significative de la population d'abandonner ses habitudes, l'adoption généralisée n'est qu'une lointaine hypothèse. En revanche, la mise en œuvre (prématurée ?) d'Instanea est susceptible d'avoir une utilité en tant qu'expérimentation, à partir de laquelle les perceptions et les réactions pourront être mesurées et des ajustements et optimisations testés, in situ.
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