Parce qu'une grande partie de l'économie mondiale a aujourd'hui migré vers un modèle par abonnement, pour l'accès à la culture, aux services logiciels, aux produits de consommation courante…, la jeune pousse américaine Pipe a imaginé une solution de financement innovante conçue spécialement pour les acteurs de cette tendance.
Ni investissement, donc sans dilution de capital, ni crédit, du moins au sens habituel, donc sans endettement, la plate-forme de la startup se présente comme une bourse en ligne sur laquelle les participants s'échangent des contrats de souscription. Les demandeurs mettent leur portefeuille de clients à la disposition des bailleurs de fonds, qui peuvent alors acquérir les flux de revenus récurrents correspondant, moyennant le paiement comptant d'une somme convenue (via un mécanisme de négociation automatisé).
En pratique, le « vendeur » connecte son outil de gestion de prélèvement aux systèmes de Pipe, qui en extrait une liste des contrats disponibles à la cession, avec leur contrepartie, leur valeur faciale, leurs conditions (fréquence de règlement et terme), leur risque d'abandon… et les met aux enchères. Dès qu'une transaction est conclue, après versement du prix décidé, l'acheteur encaisse directement les redevances associées. Un mécanisme de remplacement est en outre prévu pour les cas de résiliation.
En face, une interface présente à tout moment le catalogue des offres en cours, y compris celles placées sur le marché secondaire par les utilisateurs désireux de se désengager de leurs précédentes acquisitions. Il est ainsi possible de faire ses emplettes en sélectionnant chaque ligne individuellement, mais un robot permet aussi d'intervenir automatiquement, après avoir indiqué quelques critères de risque à respecter. Il ne reste qu'à suivre les performances, les détails opérationnels étant pris en charge par Pipe.
Pour les uns, la plate-forme représente une opportunité d'accéder, facilement et sans impact sur l'activité ni l'entreprise, à un capital dormant, par exemple pour accélérer son développement. Moins d'un an après son lancement, 3 000 organisations se sont laissées tenter, pour un volume négociable dépassant un milliard de dollars. Pour les autres, elle constitue une ouverture à une classe d'actif inédite au potentiel considérable, susceptible de compléter utilement et de diversifier une stratégie d'investissement.
Son approche par contrat élémentaire – qui n'est viable qu'à partir du moment où chacun d'eux implique un montant significatif (au minimum quelques centaines de dollars par mois ou par trimestre) – tend à limiter l'applicabilité du principe de Pipe à des fournisseurs de services logiciels (« SaaS ») à cible professionnelle (AngelList, DataRobot… sont de la partie) et, peut-être, à une poignée de secteurs spécifiques (quelques firmes de capital-risque y ont notamment recours dans le but de faire fructifier leurs commissions).
Or il existe une multitude d'autres acteurs adeptes de l'abonnement, entre autres à destination du grand public (il suffit de parcourir les App Stores pour s'en convaincre), qui pourraient certainement profiter de conditions de financement prenant en compte la relative sécurité de leur base de rémunération. Les institutions financières savent-elles identifier et appréhender ces situations particulières ? Seront-elles capables – en s'inspirant de Pipe, le cas échéant – de développer des produits dédiés à leur intention ?
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