Comme tant d'autres entreprises, le géant américain de la grande distribution Walmart est attiré par les opportunités que ne saisissent pas les institutions financières. Afin de leur damer le pion, il choisit une voie originale, passant par la création d'une filiale indépendante en partenariat avec une firme d'investissement et une double acquisition.
En l'occurrence, Hazel, l'entité fondée spécifiquement dans ce but, s'empare de deux jeunes pousses : ONE, qui offre un ensemble de services autour d'un compte courant, et Even, focalisée sur les avantages aux salariés. L'ensemble opérera sous le nom de ONE et vise à composer une plate-forme universelle destinée aux millions de consommateurs qui doivent aujourd'hui se contenter des produits proposés par leur banque ou se débattre seuls avec une multitude de fournisseurs et leurs outils « digitaux » hétérogènes.
Plus précisément, la palette déployée comprend une carte de paiement, un compte d'épargne, l'accès instantané au crédit à la consommation, le tout étant évidemment piloté par une application web et mobile qui autorise également la connexion aux autres comptes détenus, pour une surveillance à 360° des finances personnelles. Côté Even, les employeurs ajoutent encore un système d'avance sur salaire (complétant le virement anticipé de ONE) et un module d'assistance à la constitution d'une réserve d'urgence.
Ces dernières fonctions sont les seules qui relèvent de l'accompagnement vers le bien-être financier… mais il est prévu d'intégrer des capacités additionnelles à l'avenir, une des raisons pour lesquelles 250 millions de dollars sont injectés dans le projet. Notons tout de même le dispositif de « poches », avec des fonds alloués à chacune, permettant de matérialiser la gestion de budget autour, par exemple, des achats courants, des dépenses récurrentes, d'un futur voyage, des frais communs de couple ou de colocation (il est même prévu de pouvoir les partager avec d'autres utilisateurs)…
L'initiative de Walmart ressemble à diverses tentatives observées dans le passé, notamment parmi les acteurs français de la distribution ou des télécommunications, qui ont rarement abouti à des résultats convaincants. En particulier, l'hypothèse de synergies possibles entre le métier d'origine et les services bancaires, vis-à-vis du grand public, généralement brandie comme une justification à ces aventures, se concrétise très rarement et ONE ne semble pas aborder cette difficulté en meilleure position.
En revanche, d'autres aspects de la démarche ouvre des perspectives plus optimistes. Ainsi, son volet consistant à commercialiser la solution par l'intermédiaire des entreprises souhaitant fidéliser leurs effectifs (sujet d'actualité !) lui procure un point d'entrée différenciant. Et sa mise en œuvre auprès des 1,6 millions de collaborateurs de Walmart (aux États-Unis) représentera une référence percutante pour la conquête de nouveaux clients (dont, probablement, PayPal, Humana… déjà séduits par Even).
Cependant, le plus important réside peut-être dans l'approche adoptée pour le développement de la startup. En affirmant sa forte indépendance, sous le contrôle de vrais entrepreneurs (les fondateurs historiques), tout en maintenant un lien étroit avec la réalité du grand groupe actionnaire, de ses activités et de ses clients, elle conserve une chance de poursuivre sa stratégie d'hyper-croissance et, de la sorte, de réaliser l'alignement nécessaire avec le marché qui lui donnera des chances de succès global.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Afin de lutter contre le spam, les commentaires ne sont ouverts qu'aux personnes identifiées et sont soumis à modération (je suis sincèrement désolé pour le désagrément causé…)