Pour les enfants d'aujourd'hui, l'argent a presque totalement perdu sa dimension physique et ce changement de représentation crée de nouveaux défis dans leur éducation financière. Tels sont les principaux enseignements d'une enquête diligentée aux Pays-Bas par ABN AMRO, qui concerneront rapidement aussi les pays moins « digitalisés ».
Il faut admettre que les faits ont de quoi faire réfléchir, puisque, désormais, presque tous les petits néerlandais utilisent une carte de paiement (et ont effectué au moins un achat avec elle au cours du trimestre dernier) – avec un taux d'adoption qui croît fortement avec l'âge – tandis que les applications bancaires leurs sont également familières, pour 40% des 8 à 12 ans, qui les consultent en moyenne deux fois par semaine, et pour 80% des 13 à 17 ans, avec une assiduité qui atteint cinq connexions hebdomadaires.
Afin d'accompagner ces transformations de comportement, les parents adaptent leurs pratiques, en espérant apprendre de la sorte à leur progéniture à adopter une attitude responsable dans leurs finances personnelles. Dans trois quarts des cas, ce sont eux qui prennent l'initiative de leur ouvrir un compte courant. Deux tiers des jeunes se trouvent équipés avant d'avoir célébré leur treizième anniversaire et, une fois le pas franchi, une majorité perçoit son argent de poche par ce biais de manière plus ou moins régulière.
Malgré toute leur bonne volonté, les adultes se sentent fréquemment démunis pour inculquer des notions de base à des enfants pour qui une dépense est intégralement abstraite, dépourvue de la mesure objective que fournissait autrefois automatiquement la ponction de billets et de pièces dans une réserve visiblement limitée. Pour ABN AMRO, qui a cependant un regard intéressé sur le sujet, cette perte de repères constitue une motivation puissante pour un enseignement précoce de l'indépendance financière.
En la matière, rien ne vaut l'expérience réelle. C'est pourquoi les solutions éducatives opérant en relation directe avec l'argent sont plus efficaces. A minima, l'étude révèle notamment que les enfants disposant d'un compte se montrent plus curieux et posent des questions sur les mécanismes élémentaires de gestion. À un niveau plus sophistiqué, la banque revient sur sa collaboration avec Gimi, dont l'application d'épargne suscite des interrogations plus pointues, par exemple sur les possibilités de réaliser plus vite leurs projets. Ainsi armés, ils seront plus tard moins exposés aux risques de précarité.
Ce qu'il faut impérativement retenir de l'analyse d'ABN AMRO est l'urgence de passer à l'action car la dématérialisation de l'argent n'est plus une perspective lointaine : elle est maintenant ancrée solidement dans la vie courante des jeunes. Le déploiement de moyens concrets capables de redonner une matérialité à la valeur de la monnaie de plus en plus virtuelle, donc difficile à appréhender par de jeunes esprits, est un impératif dont les banques devraient s'emparer car les parents ne peuvent pas l'assumer seuls.
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