ABN AMRO n'est certainement pas la première banque à déployer une application destinée à aider les enfants à mieux gérer leur argent de poche et à essayer de leur enseigner quelques bases du pilotage des finances personnelles. En revanche, son ambition et ses motivations, fixées sur le long terme, dénotent une perspective plus originale.
Issue d'une collaboration avec la jeune pousse suédoise éponyme, l'application Gimi se focalise entièrement sur ses objectifs pédagogiques. Il s'agit donc de transmettre aux petits néerlandais, de 8 à 13 ans, les notions fondamentales qui leur permettront de comprendre l'argent et les mécanismes élémentaires qui régissent un budget. Et, au lieu de se contenter d'expliquer ou de montrer comment s'y prendre, elle leur propose de s'exercer directement sur leurs économies, pour démultiplier son efficacité.
Concrètement, l'utilisateur peut, sous le contrôle de ses parents, connecter son compte bancaire personnel (spécifique pour cette classe d'âge), gratuitement s'il est détenu chez ABN AMRO, ou, à défaut, il suivra sa situation manuellement. Sans grande originalité, il se verra alors assigner des petites corvées du quotidien afin d'accroître sa cagnotte et, s'il le souhaite, en mettre tout ou partie de côté pour un projet de son choix. En revanche, il lui est impossible d'exécuter des paiements ou des transferts au sein du logiciel.
En parallèle et, malheureusement, sans que soit explicitée leur articulation avec le volet opérationnel, des jeux, élaborés en collaboration avec des institutions éducatives de référence, sont proposés dans l'optique de faire découvrir et maîtriser la valeur de l'argent aux jeunes inscrits. Par exemple, ils pourront s'amuser à deviner le prix d'un produit donné ou, pour appréhender le principe de proportionnalité, calculer combien de sandwiches ils pourraient acheter pour l'équivalent d'un pantalon neuf.
Un an après le lancement expérimental de Gimi, auprès de 3 000 cobayes, ABN AMRO estime que c'est un succès. Un indicateur qu'elle cite à l'appui de son satisfecit est la moyenne de 5 consultations hebdomadaires du solde de compte, qui démontre un engagement significatif de la cible visée avec la solution… et l'intérêt porté à la position budgétaire. L'heure est donc venue de sa généralisation, avec le dessein de séduire un tiers des clients de la tranche des pré-adolescents à un horizon de 3 ans.
Le rêve est d'autant plus admirable que, de l'aveu même de la banque, les résultats escomptés ne seront pas perceptibles avant 10 à 15 ans. En effet, le but recherché est de (re)donner aux futurs citoyens l'autonomie indispensable pour gérer leurs finances personnelles – dans un contexte où les parents ne parviennent plus à assurer ce pan de l'apprentissage de leur progéniture – et leur éviter les dérives de la génération actuelle des 18-26 ans, dont un sur cinq serait dans l'incapacité de faire face à ses obligations.
Au-delà de son apparent dévouement envers le bien-être général, la démarche d'ABN AMRO relève, d'une certaine manière (et toutes proportions gardées), d'un réflexe de survie : si, dans le prolongement de ceux d'aujourd'hui, ses clients de demain ne possèdent plus aucun repère autour de l'argent, il deviendra difficile de les servir. Il n'en reste pas moins qu'on peut saluer ses efforts projetés sur un avenir lointain, tellement rares et pourtant tellement nécessaires dans notre monde court-termiste.
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