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C'est pas mon idée !

jeudi 6 avril 2023

L'IA s'infiltre dans la gestion de fortune

Morgan Stanley
Il n'aura pas fallu attendre bien longtemps pour que la déferlante ChatGPT envahisse le secteur financier. Aux côtés de l'utilisation plutôt sage de l'intelligence artificielle générative envisagée par Bloomberg afin d'aider ses utilisateurs à mieux exploiter ses flux d'information, Morgan Stanley ouvre la boîte de Pandore du conseil financier assisté.

Seule entreprise de sa catégorie à obtenir le « privilège » de tester en avant-première la technologie GPT-4 d'OpenAI, c'est la division de gestion de patrimoine de l'institution qui saisit l'aubaine, dans une approche sans surprise, qui se veut a priori prudente mais pourrait finalement se révéler périlleuse. En effet, l'objectif visé est de fournir un outil d'aide interactif aux conseillers – et non aux clients finaux – leur permettant d'explorer facilement les gisements de données disponibles et répondant à leurs questions.

Naturellement (et comme dans le cas de Bloomberg, qui développe sa solution en propre), les millions de documents et autres contenus accumulés au fil de son existence procurent à Morgan Stanley un socle de référence idéal pour l'entraînement de modèles puissants et efficaces. À partir de cette seule matière première, les algorithmes pourront élaborer des réponses en langage naturel, simples à comprendre et, critère extrêmement important pour la banque, citant systématiquement leurs sources originales.

Le choix d'une mise en œuvre strictement interne, sous contrôle humain, est évidemment légitime dans un cadre expérimental, mais, en l'occurrence, il relève aussi d'une posture stratégique inflexible, fondée sur l'idée que les clients de haut de gamme désirent et demanderont toujours une relation avec une personne en chair et en os pour leurs besoins d'accompagnement. Il reste pourtant à déterminer si cette doctrine, due en vérité pour beaucoup à l'immobilisme, est encore viable à l'ère de l'intelligence artificielle.

Première incidence à prendre en compte, les consommateurs, ou à tout le moins une partie d'entre eux, vont probablement s'habituer progressivement à interroger les plates-formes grand public (ChatGPT n'est que l'avant-garde d'un vaste mouvement à venir) sur leurs grands sujets de préoccupation… dont, fatalement, l'argent. Non seulement leur supposée insistance à parler avec un individu pourrait s'en ressentir mais il faudra en outre préparer les professionnels à argumenter face à ces expertises robotiques.

Pour le conseiller, ensuite, une nouvelle variante du dilemme de l'imposteur va certainement émerger : soit il persiste à exercer son esprit critique et ne retient des suggestions de l'IA que ce qu'il estime pertinent… au risque de se voir reprocher, au moindre accroc, de prendre des initiatives hasardeuses, soit il lui fait aveuglément confiance… et se posera alors la question, à plus ou moins long terme, de son utilité réelle en comparaison d'une mise à disposition de l'automate sans intermédiaire.

Depuis des années, la banque privée traditionnelle traverse toutes les évolutions technologiques en maintenant, imperturbable, sa foi absolue en la valeur de la relation humaine pour ses clients. L'accélération permanente des progrès de l'informatique, qui affecte également en profondeur les attentes et les comportements de ces derniers, devrait cependant inciter les acteurs à remettre en cause leurs certitudes, surtout à l'aube d'une révolution telle que celle que promet l'intelligence artificielle générative.

Morgan Stanley

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