Quels que soient leurs efforts en matière de responsabilité sociétale et environnementale (RSE), les grands groupes bancaires du monde entier subissent un feu nourri de critiques à propos de leur soutien à des clients aux bilans désastreux. Dans son dernier rapport de stratégie climatique, BBVA introduit une transparence bienvenue sur le sujet.
La démarche ne sort pas d'un chapeau magique, puisqu'elle fait partie des recommandations d'un consortium sectoriel (Glasgow Financial Alliance for Net Zero) pour la mise en place d'un plan de transition, mais l'établissement espagnol est le premier à la mettre en œuvre concrètement… et à démontrer de la sorte sa valeur. Son principe est relativement simple et devrait apporter un début de réponse aux indiscutables limites des modèles existants dans leur application aux métiers spécifique de la finance.
Je veux bien entendu parler de la source incessante de polémique que représentent les financements accordés aux industries polluantes (et autres impacts négatifs) : considérés par les uns comme faisant partie intégrante de l'empreinte carbone des bailleurs de fonds, qu'ils grèvent lourdement, et justifiés par les autres par l'impératif d'accompagner les besoins de changement de ces acteurs, il est une certitude sur laquelle tous doivent s'accorder, qui est le manque d'information fiable et objective sur ces opérations.
BBVA intègre donc désormais à son propre rapport annuel un ensemble de données relatives aux critères environnementaux de ses clients (seules les entreprises sont concernées, a priori), partant d'une analyse élémentaire (non partagée publiquement selon toute vraisemblance), à l'échelle de chacun d'eux, puis synthétisée par grands domaines, dont les plus problématiques (et les plus sensibles) sont en outre mis en exergue : pétrole et gaz, production d'énergie, automobile, acier, ciment et charbon.
Un aspect particulièrement intéressant de l'exercice est qu'il ne se contente pas d'une mesure des émissions de gaz à effet de serre des bénéficiaires de financements (pour laquelle un indicateur approprié est défini au préalable pour chaque catégorie d'organisations). En effet, en alignement avec le discours des institutions sur cette thématique, sont également inclus des objectifs quantitatifs de réduction à long terme, étalonnés par rapport à une cible générique estimée globalement (afin d'en percevoir le niveau d'ambition), assortis d'un suivi régulier des tendances vers leur atteinte.
En fournissant ainsi un aperçu un peu plus précis – dont j'espère qu'il s'améliorera au fil du temps – à la fois des impacts réels des engagements contractés et des orientations futures, le résultat devrait contribuer à rationaliser (et apaiser ?) les échanges entre les banques et leurs détracteurs : les affirmations des premières deviennent enfin vérifiables et les seconds peuvent passer d'un dénigrement théorique à des critiques ciblées et (idéalement) constructives. Encore faudra-t-il que l'exemple de BBVA soit suivi…
Les détracteurs des banques comprennent bien qu'il faut financer la transition des gros pollueurs mais quand ces derniers obtiennent des financements pour démarrer ou poursuivre l'exploitation d'une infrastructure d'extraction ou d'acheminement de pétrole / de gaz, on voit clairement qu'on ne va pas dans la bonne direction.
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