Depuis longtemps, Uber propose à ses chauffeurs une carte de paiement assortie de quelques fonctions et avantages dédiés à leurs besoins. Aujourd'hui, le pionnier des VTC déploie une promesse équivalente à l'intention des entreprises et des professionnels qui recourent à sa solution (moins connue) de transport de marchandises.
En l'occurrence, l'offre s'avère plus complexe car elle s'adresse, et s'adapte, aux deux catégories distinctes d'utilisateurs de la plate-forme Uber Freight. D'un côté, les transporteurs indépendants ont essentiellement des attentes similaires aux conducteurs de l'activité de déplacements privés. En revanche, les petites et moyennes structures qui prennent en charge une partie des demandes ont d'autres exigences, relevant de la gestion de flotte, où elles sont confrontées à des problématiques particulières.
Comme toujours quand Uber s'infiltre dans le secteur financier, c'est par l'intermédiaire d'une collaboration et le partenaire retenu ici est la jeune pousse californienne AtoB. Encore une fois, les poids lourds de l'industrie se trouvent donc écartés… et non sans raison. En effet, là où la concurrence, traditionnelle ou non, d'ailleurs, se contente de distribuer des cartes extrêmement restrictives, celle qu'a sélectionnée Uber Freight cumule une liberté d'usage avec plusieurs options de contrôle personnalisables.
Ainsi, sa première différence est la faculté qu'elle autorise de payer dans toutes les stations-services qui acceptent Visa, soit la quasi-totalité du réseau aux États-Unis, et non d'être limitée à une enseigne précise. Cette universalité ne l'empêche pas d'inclure des programmes promotionnels, dans des proportions variables selon les points de ravitaillement, une application mobile permettant au porteur de repérer les plus économiques sur son parcours (aussi selon le prix affiché à la pompe, bien entendu).
Une facilité qu'apprécieront bien des clients sera le paiement dans la journée des tâches effectuées, réservée toutefois aux plus fidèles puisque déclenchée uniquement si les dépenses (de carburant) du mois précédent sont supérieures à 2 000 dollars. Dans un autre registre, deux modes séparés sont disponibles, dépendant d'une estimation de la fiabilité financière de l'entreprise enregistrée (via l'analyse de son historique bancaire) : prépayé ou, pour les sociétés jugées solides, en règlement différé, hebdomadaire.
Les PME possédant des flottes plus ou moins nombreuses disposent en outre d'une série de moyens avancés de lutte contre la fraude des employés, (apparemment) fréquente : déblocage de la carte uniquement à la demande, via envoi d'un SMS, et interdit tant que la jauge indique une réserve confortable, vérification de la localisation près d'une pompe lors d'une transaction, limitation du plein à la capacité du réservoir… À l'inverse, il est aussi possible, notamment pour les indépendants, de payer leurs frais connexes avec leur carte Uber Freight (péage, parking, lavage, dépannage, réparations…).
AtoB constitue un exemple typique de startup lancée sur l'idée de procurer un service personnalisé à une niche qui paraît trop restreinte aux yeux des acteurs historiques ou leur est plus probablement totalement méconnue pour justifier un investissement. Elle a pourtant conquis quelques 100 000 professionnels et son contrat avec Uber Freight lui donne instantanément accès à 100 000 de plus. Ces chiffres devraient attirer leur attention… mais, dans une certaine mesure, il est trop tard pour réparer la négligence.
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