En janvier 2022, la Commission Européenne publiait un cadre, partagé entre l'UE et l'OCDE, de compétences financières pour les adultes. Parce que les habitudes – bonnes ou mauvaises – se prennent dès le plus jeune âge, elle le complète maintenant avec un référentiel [PDF] similaire très attendu concernant les enfants et les adolescents.
L'exercice prend appui sur un ensemble de constats qui ne surprendront personne. En premier lieu, il ressort sans ambiguïté que les enfants sont exposés de plus en plus tôt aux problématiques entourant non seulement l'argent mais aussi, plus largement, les services financiers « digitaux ». Dans un paysage qui se transforme rapidement, ils sont appelés à prendre leur autonomie prématurément, ce qui renforce le risque pour eux d'adopter des pratiques néfastes dont ils auront du mal à se débarrasser plus tard.
La réponse que propose l'Europe à ce défi prend donc la forme d'une série de thématiques (238, au total, dans cette itération), qu'il paraît nécessaire de maîtriser afin d'affronter sereinement, à long terme, l'existence et ses aléas financiers. Comme la version d'origine, cette nouvelle mouture s'avère extrêmement riche dans sa couverture du sujet. Elle conserve en outre la même structure, avec une répartition en 3 dimensions et sur 4 domaines, et ajoute une déclinaison supplémentaire sur 3 segments d'âge.
En ligne de mire, il s'agit de remplir quatre objectifs fondamentaux, consistant à procurer aux populations ciblées les connaissances, les compétences et les attitudes – articulées autour des notions de transaction (et d'argent), de planification, de risque (et de gain) et de paysage (acteurs, produits et services) – qui leur permettront de gérer efficacement leur budget, de prendre des décisions raisonnées et éclairées, de comprendre le contexte économique et financier, de préparer leur future vie d'adulte.
Bien qu'on puisse le regretter (tout en reconnaissant que l'effort prendrait alors une toute autre ampleur), les instances européennes restent fidèles à leur stratégie : il n'est pas question à travers cet exercice de développer un programme pédagogique prêt à l'emploi. Seuls sont dessinés les contours (exhaustifs) de ce que devrait comporter un tel outil. Pour cette phase de mise en œuvre, les responsables du projet en appellent aux autorités nationales et aux parties prenantes de l'enseignement de chaque pays.
Les orientations suggérées peuvent cependant étonner, puisqu'il est essentiellement envisagé un apprentissage à l'école (une option que j'appréhende toujours avec scepticisme, par son côté fourre-tout). Il paraîtrait pourtant naturel que les institutions financières et les jeunes pousses de la FinTech, qui s'y aventurent déjà parfois, soient impliquées en priorité, ne serait-ce que par leur capacité à accompagner, au moins en partie, les démarches pédagogiques par une immersion concrète.
Que cet oubli malheureux ne détourne surtout pas les bonnes volontés ! Les entreprises désireuses, à juste titre, de fournir à leurs clients les clés d'une utilisation optimale de l'argent et des services souvent complexes mis à leur disposition ont tout intérêt à s'emparer du cadre européen. Il leur offrira un panorama extensif des innombrables thématiques à aborder, assorti d'un guidage précieux pour leur répartition entre les tout-petits (jusqu'à 10 ans), les (pré-)adolescents (jusqu'à 15 ans) et les presque adultes.
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