Parce que, sous la pression d'une population largement consciente des enjeux, les Pays-Bas ont pris, en tant que nation, des engagements extrêmement ambitieux en matière de développement durable, ABN AMRO a lancé en 2018 une « banque verte » (Groenbank) qui aspire à rapprocher grand public et entreprises autour d'un objectif commun.
Une fois encore dans le registre des initiatives environnementales, le dispositif n'a rien de révolutionnaire, hormis peut-être sa légère avance sur son temps, surtout parmi les grands groupes financiers. Il s'agit, en synthèse, d'une « classique » offre de financements verts, à l'intention des professionnels, alimentée directement (en grande partie) par les dépôts que les particuliers effectuent sur un compte d'épargne à terme, lui-même vert. Il bénéficie cependant d'un accompagnement hors normes.
Si la rémunération des économies consacrées à la Groenbank est légèrement inférieure aux standards du marché, ABN AMRO met en avant les avantages fiscaux réservés à un produit entrant strictement dans le cadre d'une législation favorable. En revanche, les emprunteurs – via crédit-bail ou prêt classique – sont beaucoup plus gâtés, avec raison au vu des difficultés administratives auxquelles ils peuvent être confrontés dans leurs démarches. Car il n'est pas uniquement question de taux d'intérêt avantageux.
La banque apporte en effet une assistance opérationnelle à l'assemblage des dossiers de ses clients, notamment en ce qui concerne la compréhension et la prise en compte des règles en vigueur, autant pour l'éligibilité à la solution que pour l'accès aux aides et subventions. C'est elle, par exemple, qui formalise et transmet aux autorités la demande de « déclaration verte » pour validation officielle de sa qualification. Celle-ci constitue une garantie essentielle d'intégrité et de cohérence pour toutes les parties prenantes.
Cinq ans après son démarrage, les résultats sont encourageants mais loin d'être extraordinaires, puisque 400 entreprises ont profité de l'opportunité, pour un montant total de 600 millions d'euros. Il est vrai que seuls les projets relatifs à l'habitat durable, l'efficacité énergétique et l'agriculture biologique sont aujourd'hui admissibles… et ils ne semblent pas suffisamment nombreux, au point que les dépôts, qui, contractuellement, leur sont consacrés à hauteur de 70% minimum, doivent parfois être suspendus.
Faut-il voir là le signe de faiblesses résiduelles qui resterait à combler par la banque ? Ses premiers efforts d'accompagnement parviennent certainement à convaincre les décideurs les plus déterminés, mais il est fort probable que l'engagement pour l'environnement continue à rencontrer de multiples obstacles (entre autres en matière de délais de traitement), qu'elle pourrait aussi contribuer à aplanir.
Toujours est-il qu'ABN AMRO, qui avait déjà inauguré une approche intéressante de l'investissement à impact, et, plus généralement, les institutions de l'Europe septentrionale montrent la voie vers une stratégie de responsabilité sociale et environnementale performante qui fait cruellement défaut en France, où quelques jeunes pousses tentent de reproduire un modèle similaire, hélas avec des moyens sévèrement limités.
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