Dans une certaine mesure, c'est une spécialité des géants industriels asiatiques de lancer des concepts simplement parce qu'ils sont faisables mais sans se poser de questions sur leur adéquation à une attente quelconque. Aujourd'hui, je découvre la carte de crédit de Samsung… qui peut être géolocalisée sur les téléphones de la marque.
Après avoir contribué à la vague précédente du lecteur d'empreinte digitale intégré, qui n'a pas trouvé sa place dans cette nouvelle mouture, le fabricant – en collaboration avec American Express et KB Kookmin Card, émetteur coréen, pour cette aventure – embarque donc une puce bluetooth (à basse énergie, heureusement !) qui peut facilement être suivie à la trace dans son application de recherche des objets connectés « SmartThings Find », installée par défaut sur tous les smartphones de son catalogue.
Les usages envisagés ne réservent aucune surprise. Il est d'abord question de retrouver le bout de plastique… ainsi que, éventuellement, le portefeuille dans lequel il a été rangé, en cas de perte, voire de vol, n'importe où dans le monde… et sans connexion internet sur la carte, naturellement, grâce à l'exploitation du réseau virtuel constitué de tous les appareils Samsung (à l'insu de leur propriétaire ?). Autre option, sur demande, une alerte se déclenchera dès la détection d'un éloignement entre la carte et le téléphone associé. Enfin, un mécanisme inverse proposerait de retrouver le téléphone lié à la carte.
Comme la plupart des innovations concernant un instrument de paiement vieillissant, celle-ci ne peut que susciter le scepticisme en 2023 : autant l'idée de remettre la main sur l'objet égaré aurait certainement semblé séduisante il y a une vingtaine d'années, autant, aujourd'hui, la tendance, en particulier pour les personnes susceptibles de se laisser conquérir par un gadget logiciel, s'oriente clairement vers la domination des porte-monnaie mobiles, dont Samsung Pay (!), au détriment des supports physiques.
En conclusion, il est difficile d'imaginer comment le caractère anecdotique que revêt le potentiel d'utilisation du dispositif pourrait justifier l'adoption d'une technologie qui renchérit les coûts de fabrication (et qui croira que le consommateur serait prêt à payer pour un bénéfice aussi ténu… alors que, par ailleurs, il a déjà à sa disposition des facultés de blocage en cas de disparition ?). Bien sûr, il n'est pas exclu que la superficialité de la solution devienne son premier argument de séduction (les réactions du public sont imprévisibles)… mais Samsung n'est pas l'acteur le plus convaincant dans ce registre.
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