Parce que ses choix stratégiques ne sont pas nécessairement évidents, BNP Paribas dédiait une journée en ce début octobre à un éclairage sur sa vision des paiements. L'aréopage de responsables rassemblé à Bruxelles pour l'occasion présentait les dernières avancées du groupe en la matière et évoquait ses orientations pour l'avenir.
Déjà considérés comme tels par la plupart de leurs utilisateurs, particuliers comme entreprises, les paiements se voient toujours plus relégués au rang de commodité, au fil des évolutions qui les simplifient, les accélèrent, les immergent dans les parcours d'achat, jusqu'à les rendre invisibles… Exemple type, le virement instantané, initialement perçu (par les banques) comme apportant une valeur ajoutée entre désormais dans la normalité (d'abord pour le régulateur européen)… et deviendra bientôt gratuit.
Malgré la perte d'attrait (et la baisse de revenus) qu'engendre l'industrialisation, qui conduit certaines institutions à se désengager d'une partie des métiers correspondants (notamment autour de la compensation), le domaine conserve une place majeure pour BNP Paribas. Une première raison, historique et revenant aujourd'hui au devant de la scène avec la hausse des taux d'intérêt, est son effet d'entraînement sur les dépôts (puisqu'un instrument de paiement s'appuie sur un compte), qui alimentent le crédit.
L'autre motivation, beaucoup plus récente et extrêmement prometteuse, surtout s'il faut justifier l'équilibre économique (officiellement « satisfaisant », ce qui ressemble à un euphémisme) de l'activité dans la banque de détail, est liée à la connaissance intime des clients, de leur situation, de leurs besoins, de leurs envies, des événements qui les affectent…, qui peut être acquise à travers l'analyse de leurs achats quotidiens. Quand les transactions ne sont plus profitables, l'exploitation des données prend le relais.
Cette perspective résume à elle seule les priorités de BNP Paribas. Plusieurs dirigeants reprennent d'ailleurs à leur compte, sur leur segment spécifique, l'idée que, demain, les échanges d'argent ne génèreront plus de revenus et qu'il faudra inventer et déployer des services complémentaires, utiles aux clients (susceptibles de leur faciliter la vie, par exemple), afin de combler le manque à gagner. Diverses initiatives, existantes et à venir, peuvent être citées en démonstration du repositionnement qui se prépare.
C'est le cas, indubitablement, avec le projet de Floa de, peut-être, enrichir sa proposition de paiement fractionné (BNPL) avec une approche d'épargne (dans une logique « save now buy later » qui semble prendre ses marques) ou encore avec l'intégration du pilotage des devises dans la gestion de trésorerie des entreprises, grâce à l’acquisition de Kantox. Ce serait également une promesse (quoique incertaine) de l'EPI, qui trouverait de la sorte sa différenciation, et celle des banques, face à un éventuel euro « digital ».
Comme souvent avec les grands groupes, les constats dressés par BNP Paribas paraissent parfaitement justes et la stratégie esquissée en réponse pleine de bon sens. Le plus difficile reste cependant sa concrétisation, en particulier quand elle implique un profond réalignement de la culture sur les attentes (souvent périphériques) des clients et non plus sur les produits qui leur sont fournis, ceux-ci devenant progressivement trop communs (et c'est heureux !) pour constituer leur centre d'intérêt principal.
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