AXA vient de livrer la dixième édition de son rapport des risques futurs, résultat d'une double enquête internationale auprès, d'une part, de 3 500 experts du sujet et, d'autre part, de près de 20 000 citoyens. La première conclusion que j'en tire est que, à ce jour, le monde manque de solutions pour relever les principaux défis qui nous attendent demain.
Au sommet de son « palmarès » des inquiétudes globales exprimées par les spécialistes, l'étude place successivement le changement climatique, la cybersécurité et l'instabilité géopolitique (en retrait par rapport à l'année précédente… mais qui sera probablement relancée par les événements en cours au Proche-Orient). Cette dernière est certes relativement classique, comme l'énergie, les équilibres financiers, les tensions sociales et la macro-économie qui viennent dans la suite du classement.
Il reste donc cinq préoccupations majeures qui n'étaient pas encore identifiées (en tous cas de manière aussi consensuelle) il y a 10 ans. Dans la catégorie des enjeux environnementaux, les ressources naturelles et la biodiversité renforcent le poids du numéro un, tout comme, dans une certaine mesure, quoique avec des impacts spécifiques, les pandémies et autres maladies contagieuses. Dans le domaine des technologies, l'intelligence artificielle et les données constituent un autre aspect prioritaire, même s'il n'est pas, à ce stade, partagé avec la même ardeur par le grand public.
Et, donc, une caractéristique commune à l'ensemble de ces thèmes, dont il faut néanmoins admettre qu'ils sont désormais présents à l'esprit de tous les acteurs directement concernés, est l'absence de moyen sérieux de les contenir. Au contraire, les compagnies d'assurance, qui représentent en principe une ligne de défense avancée, tendent à reculer, qu'il s'agisse de restreindre les garanties contre les cyber-risques ou de quitter des régions où les phénomènes dangereux deviennent trop fréquents.
Pourtant, malgré cette perspective peu engageante, l'optimisme reste de mise. Tous les répondants se disent, à une large majorité, convaincus que nos sociétés ont les ressources requises afin de combattre les crises qui menacent et estiment que le progrès collectif reste à notre portée, tandis que les consommateurs affirment leur confiance en l'intervention de diverses parties prenantes – scientifiques, institutions internationales, pouvoirs publics, organismes non gouvernementaux… – pour y contribuer.
Et l'assurance, dans tout ça ? Là aussi, les populations veulent croire en ses missions fondamentales et, en filigrane, comptent dessus pour absorber leurs difficultés. Cependant, qu'a-t-elle à proposer face à ces attentes ? Dans son rapport, AXA évoque tout au plus son implication grandissante (et indispensable, sans conteste) dans la prévention, pour un meilleur contrôle des risques au niveau individuel et sociétal. Peut-on toutefois imaginer qu'elle suffira à répondre aux bouleversements à venir ?
Si la prise de conscience des dangers imminents est incontestable, autant parmi les experts que dans le public, il semble que les illusions persistent quant aux solutions envisageables. Au-delà des initiatives ponctuelles et souvent superficielles menées par les uns ou les autres, il va tout de même falloir coordonner des actions massives et à 360° – dont on ne perçoit pour l'instant pas le moindre indice – pour espérer échapper aux désastres que laissent entrevoir les constats pessimistes relevés par l'enquête…
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