Nous sommes au milieu de l'été (même si la météo parisienne n'incite pas à le croire) et l'actualité de l'innovation est autant en repos que les vacanciers… Profitons donc de cette accalmie pour nous livrer à un exercice mi-taquin mi-sérieux avec un des rares communiqués de presse qui ait attiré mon œil au cours des derniers jours.
Nasdaq déclare en effet avoir conclu un accord avec la bourse suisse SIX afin de concevoir et développer avec elle un MVP (« Produit Minimum Viable ») dans le cadre de ses activités de produits structurés de gré à gré (OTC). Plus concrètement, le projet consiste à mettre en œuvre la technologie de « grand livre distribué » (DLT) de l'américain. Le choix de cette appellation, vraisemblablement retenue ici parce que plus chic que la désormais galvaudée blockchain, donne le ton. Moquons-nous un peu…
En réalité, l'objet même de l'annonce ressemble à une caricature. Vous souvenez-vous d'un récent billet dans lequel je tentais de rappeler qu'un MVP ne constitue pas une fin en soi ? Or voilà exactement ce dont se vantent SIX et Nasdaq ! Hormis une vague évocation sans substance, il n'est pas question d'élaborer un nouveau produit ou service, d'aborder un nouveau marché, d'imaginer un nouveau modèle d'affaire… ni même d'améliorer un processus existant. Non, leur unique ambition est de créer un MVP !
La plaisanterie prend encore plus de corps quand on découvre les motivations de la bourse suisse dans cette opération : elle souhaite acquérir une expérience concrète dans l'implémentation d'une blockchain, de manière à rechercher comment la technologie pourrait bénéficier à son métier et à ses clients. Quel rapport avec un MVP ? La notion de viabilité que l'acronyme contient fait référence à un marché auquel il doit être confronté, ce qui requiert impérativement d'identifier au préalable un cas d'usage !
Au l'inverse, une simple expérimentation, un pilote ou un POC (« preuve de concept »), s'il fallait vraiment utiliser une expression sexy, sont parfaitement suffisants pour s'approprier une technologie et appréhender son potentiel et ses limites. Selon toute vraisemblance, c'est ce que deviendra le projet, derrière le rideau. Et une fois cette étape franchie, peut-être une phase de réflexion minimale sur les opportunités réelles à explorer serait-elle judicieuse avant de lancer une démarche d'innovation, avec ses MVP ?
Au-delà des excès de langage d'un département de communication un peu trop zélé, ce que révèle l'exemple de SIX et Nasdaq est le danger le plus mortel guettant les institutions financières qui ne sont pas encore devenues des entreprises technologiques : elles se laissent fasciner par les derniers jouets à la mode (de la blockchain au MVP) et imaginent que le seul fait de les intégrer dans leur arsenal les sauvera. Je crois que cette stratégie les entraînera au contraire plus vite dans la tombe, par épuisement…
Nasdaq déclare en effet avoir conclu un accord avec la bourse suisse SIX afin de concevoir et développer avec elle un MVP (« Produit Minimum Viable ») dans le cadre de ses activités de produits structurés de gré à gré (OTC). Plus concrètement, le projet consiste à mettre en œuvre la technologie de « grand livre distribué » (DLT) de l'américain. Le choix de cette appellation, vraisemblablement retenue ici parce que plus chic que la désormais galvaudée blockchain, donne le ton. Moquons-nous un peu…
En réalité, l'objet même de l'annonce ressemble à une caricature. Vous souvenez-vous d'un récent billet dans lequel je tentais de rappeler qu'un MVP ne constitue pas une fin en soi ? Or voilà exactement ce dont se vantent SIX et Nasdaq ! Hormis une vague évocation sans substance, il n'est pas question d'élaborer un nouveau produit ou service, d'aborder un nouveau marché, d'imaginer un nouveau modèle d'affaire… ni même d'améliorer un processus existant. Non, leur unique ambition est de créer un MVP !
La plaisanterie prend encore plus de corps quand on découvre les motivations de la bourse suisse dans cette opération : elle souhaite acquérir une expérience concrète dans l'implémentation d'une blockchain, de manière à rechercher comment la technologie pourrait bénéficier à son métier et à ses clients. Quel rapport avec un MVP ? La notion de viabilité que l'acronyme contient fait référence à un marché auquel il doit être confronté, ce qui requiert impérativement d'identifier au préalable un cas d'usage !
Au l'inverse, une simple expérimentation, un pilote ou un POC (« preuve de concept »), s'il fallait vraiment utiliser une expression sexy, sont parfaitement suffisants pour s'approprier une technologie et appréhender son potentiel et ses limites. Selon toute vraisemblance, c'est ce que deviendra le projet, derrière le rideau. Et une fois cette étape franchie, peut-être une phase de réflexion minimale sur les opportunités réelles à explorer serait-elle judicieuse avant de lancer une démarche d'innovation, avec ses MVP ?
Au-delà des excès de langage d'un département de communication un peu trop zélé, ce que révèle l'exemple de SIX et Nasdaq est le danger le plus mortel guettant les institutions financières qui ne sont pas encore devenues des entreprises technologiques : elles se laissent fasciner par les derniers jouets à la mode (de la blockchain au MVP) et imaginent que le seul fait de les intégrer dans leur arsenal les sauvera. Je crois que cette stratégie les entraînera au contraire plus vite dans la tombe, par épuisement…
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