Toutes les grandes entreprises se targuent désormais d'avoir adopté des méthodes agiles, notamment dans leurs projets « digitaux ». Malheureusement, la lecture de leurs offres d'emploi étale souvent au grand jour leur incompréhension du sujet et leur tendance à plaquer un nouveau vocabulaire à la mode sur leurs vieilles pratiques.
Pour une fois, je ne citerai pas explicitement le cas précis sur lequel j'appuie ma démonstration, pour la simple raison que le défaut dont je parle est quasiment universel et qu'il serait donc inutile de pointer du doigt un coupable ou un autre. En l'occurrence, celle qui me fait réagir aujourd'hui est une annonce émanant d'un groupe bancaire français, à la recherche d'un « product owner » (PO) stagiaire, ce qui, rien qu'à son énoncé, a de quoi faire bondir quiconque s'intéresse sérieusement à la gestion de projet.
Le rôle dont il est question est un véritable pilier de la méthodologie Scrum évoquée dans la description de poste, puisqu'il consiste, en synthèse, à établir le pont entre les attentes des futurs utilisateurs du produit à créer et l'équipe en charge de son développement. Pour ce faire, la principale qualité de celui qui en porte le flambeau est de savoir communiquer, avec un maximum d'empathie, aussi bien avec les clients (ou leurs représentants) qu'avec les personnes qui se consacrent à la réalisation.
Comment une telle mission pourrait être assurée par un(e) débutant(e), alors qu'elle exige, naturellement, de comprendre et maîtriser les langages des divers métiers impliqués, du domaine bancaire et de l'informatique, mais aussi du design, de la science des données, de la communication…, d'interroger les motivations des demandeurs de nouvelles fonctions (afin d'envisager des alternatives, le cas échéant), de définir le produit cible (par « user stories »), de conduire les membres de l'équipe au consensus…?
Voilà un « métier » (mais en est-ce vraiment un ?) qui ne s'apprend pas à l'école et qui demande une expérience préalable dans des environnements variés, à partir desquels les compétences nécessaires sont acquises progressivement. En conséquence, le confier à un stagiaire, en nuisant considérablement à l'alignement entre les besoins exprimés et leur exécution, serait une forme de sabotage pour l'objectif considéré. Notons au passage qu'il ne devrait exister qu'un « product owner » par produit (pour des raisons évidentes de cohérence des échanges) et qu'un assistant PO n'a guère de sens.
La réalité est que, comme il arrive tellement souvent, l'entreprise qui publie cette annonce recherche plutôt un chef de projet classique, comme le révèle d'ailleurs très clairement la spécification d'une formation (en cours) de gestion de projet ou de management. Or non seulement s'agit-il là de tout autre chose que du rôle affiché de « product owner », mais, surtout, cette confusion est-elle potentiellement indicative d'une immaturité dramatique en matière de méthodes agiles, susceptible d'effrayer les meilleurs candidats.
Pour une fois, je ne citerai pas explicitement le cas précis sur lequel j'appuie ma démonstration, pour la simple raison que le défaut dont je parle est quasiment universel et qu'il serait donc inutile de pointer du doigt un coupable ou un autre. En l'occurrence, celle qui me fait réagir aujourd'hui est une annonce émanant d'un groupe bancaire français, à la recherche d'un « product owner » (PO) stagiaire, ce qui, rien qu'à son énoncé, a de quoi faire bondir quiconque s'intéresse sérieusement à la gestion de projet.
Le rôle dont il est question est un véritable pilier de la méthodologie Scrum évoquée dans la description de poste, puisqu'il consiste, en synthèse, à établir le pont entre les attentes des futurs utilisateurs du produit à créer et l'équipe en charge de son développement. Pour ce faire, la principale qualité de celui qui en porte le flambeau est de savoir communiquer, avec un maximum d'empathie, aussi bien avec les clients (ou leurs représentants) qu'avec les personnes qui se consacrent à la réalisation.
Comment une telle mission pourrait être assurée par un(e) débutant(e), alors qu'elle exige, naturellement, de comprendre et maîtriser les langages des divers métiers impliqués, du domaine bancaire et de l'informatique, mais aussi du design, de la science des données, de la communication…, d'interroger les motivations des demandeurs de nouvelles fonctions (afin d'envisager des alternatives, le cas échéant), de définir le produit cible (par « user stories »), de conduire les membres de l'équipe au consensus…?
Voilà un « métier » (mais en est-ce vraiment un ?) qui ne s'apprend pas à l'école et qui demande une expérience préalable dans des environnements variés, à partir desquels les compétences nécessaires sont acquises progressivement. En conséquence, le confier à un stagiaire, en nuisant considérablement à l'alignement entre les besoins exprimés et leur exécution, serait une forme de sabotage pour l'objectif considéré. Notons au passage qu'il ne devrait exister qu'un « product owner » par produit (pour des raisons évidentes de cohérence des échanges) et qu'un assistant PO n'a guère de sens.
La réalité est que, comme il arrive tellement souvent, l'entreprise qui publie cette annonce recherche plutôt un chef de projet classique, comme le révèle d'ailleurs très clairement la spécification d'une formation (en cours) de gestion de projet ou de management. Or non seulement s'agit-il là de tout autre chose que du rôle affiché de « product owner », mais, surtout, cette confusion est-elle potentiellement indicative d'une immaturité dramatique en matière de méthodes agiles, susceptible d'effrayer les meilleurs candidats.
Non seulement une annonce cela doit effrayer les candidats, mais que dire des développeurs qui doivent comprendre que leur direction envisage de les faire piloter par un stagiaire (les boules!), et des clients qui vont se sentir "bien pris en charge" par un jeune a peine sorti d'école ?
RépondreSupprimerQuelle honte de publier une telle offre !
Sur le fond, un bon chef de projet tient le rôle d'un product owner, et vice versa. Le propre de ces 2 libellés de poste, c'est de savoir parler aux deux parties, d'en comprendre les contraintes respectives, d'être bon communicant et bon pédagogue, et d'avoir pas mal de bouteille.
Tout est résumé ici. Article top
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