L'effervescence du Paris FinTech Forum 2020 étant maintenant retombée, il est temps de dresser le bilan. Largement focalisée sur le sujet à la mode des collaborations entre acteurs traditionnels et startups, cette édition m'a paru, probablement pour cette raison, plus fade que les précédentes. En voici néanmoins quelques moments mémorables.
Dès la première intervention, le ton était donné, les stars Brett King et Dave Birch se lançant dans une sorte d'état des lieux de la FinTech à ce jour, sans réellement évoquer de grandes projections pour l'avenir. L'ambiance est au regard dans le rétroviseur.
Dès la première intervention, le ton était donné, les stars Brett King et Dave Birch se lançant dans une sorte d'état des lieux de la FinTech à ce jour, sans réellement évoquer de grandes projections pour l'avenir. L'ambiance est au regard dans le rétroviseur.
Brett King, Dave Birch, Laurent Nizri |
Dans un résumé concis et percutant de la situation actuelle du secteur financier, Brett King estime que l'effet le plus important des nouvelles générations de solutions est la prise en compte de l'évolution des attentes des consommateurs. En revanche, il constate que, dans les pays occidentaux (à commencer par les États-Unis), la FinTech n'a jusqu'à présent aucun impact matériel sur la vie des citoyens, contrairement aux pays émergents (Chine, Inde…) qui réalisent un saut direct dans la banque « digitale ».
Deux jeunes pousses françaises parmi les plus prometteuses, Alan et Qonto, résolument décidées à s'adresser aux clients finaux, en concurrence frontale avec leurs aînées, justifiaient ensuite leur positionnement, chacune à leur manière. D'une part, Jean-Charles Samuelian soulignait avoir lancé la première compagnie d'assurances dans l'hexagone depuis des décennies, motivé par sa prise de conscience de la réticence définitive des acteurs historiques à vouloir changer quoi que ce soit dans leur industrie.
Deux jeunes pousses françaises parmi les plus prometteuses, Alan et Qonto, résolument décidées à s'adresser aux clients finaux, en concurrence frontale avec leurs aînées, justifiaient ensuite leur positionnement, chacune à leur manière. D'une part, Jean-Charles Samuelian soulignait avoir lancé la première compagnie d'assurances dans l'hexagone depuis des décennies, motivé par sa prise de conscience de la réticence définitive des acteurs historiques à vouloir changer quoi que ce soit dans leur industrie.
Jean-Charles Samuelian, Shachar Bialick, Brandon Krieg, Lupina Iturriaga, Alexandre Prot, Elliott Gotkine |
Encore plus explicite, Alexandre Prot ré-affirmait que Qonto est une réponse aux établissements qui offrent des produits déficients, assurent un piètre service à la clientèle, dans des conditions et à des prix manquant totalement de transparence. Sur la même scène, Lupina Iturriaga, directrice générale de l'espagnole Fintonic, dont la vision consiste à enrober les produits financiers dans une couche de conseil, proclamait sans détour que les « usines » de production ne sont pas douées pour la distribution.
Le débat qui suivait entre les représentants de Kabbage (Kathryn Petralia), qui a abandonné son approche initiale de collaboration avec les institutions financières pour viser des entreprises d'autres secteurs, et de Kantox (Philippe Gelis), qui suit en quelque sorte un chemin inverse, permettait d'appréhender une règle absolue qu'impose cette dernière : elle accepte uniquement de vrais partenariats, au sens strict, ce qui implique que l'offre de la startup exposée au client reste celle d'origine, sous sa marque.
Le débat qui suivait entre les représentants de Kabbage (Kathryn Petralia), qui a abandonné son approche initiale de collaboration avec les institutions financières pour viser des entreprises d'autres secteurs, et de Kantox (Philippe Gelis), qui suit en quelque sorte un chemin inverse, permettait d'appréhender une règle absolue qu'impose cette dernière : elle accepte uniquement de vrais partenariats, au sens strict, ce qui implique que l'offre de la startup exposée au client reste celle d'origine, sous sa marque.
Philippe Gelis, Kathryn Petralia, Laurent Nizri |
L'échange entre le chef de produit de Mastercard (Michael Miebach) et la directrice exécutive de l'Alliance pour la Finance Digitale Durable (Marianne Haahr) s'avérait plutôt décousu. Quand la seconde abordait des thématiques environnementales – dont l'idée, qui mériterait d'être approfondie, d'un compte individuel d'émissions de gaz à effet de serre ouvert pour chaque citoyen et géré par une entité publique –, le premier tentait, un peu vainement, de démontrer l'engagement correspondant de son entreprise.
Michael Miebach, Marianne Haahr, Brett King |
Une réflexion de Michael Miebach retenait pourtant mon attention : l'infrastructure (le réseau) de Mastercard, bâti et utilisé depuis toujours pour prendre en charge des mouvements d'argent, pourrait aussi être exploité pour des transferts de tout type d'information. En l'occurrence, il pensait aux crédits de CO2, mais le principe serait généralisable à bien d'autres domaines. La question n'a toutefois pas été posée de l'efficacité des systèmes existants (et anciens) de l'institution pour de tels usages.
En habitué de l'événement, François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, revenait cette année avec des messages déjà entendus par ailleurs. Il réitérait ainsi son intérêt pour la blockchain mais il illustrait son propos avec l'exemple cent fois cité du projet Madre, vieux de bientôt 3 ans, et depuis lequel aucune autre initiative ne semble avoir vu le jour. Puis il rappelait l'annonce récente des expérimentations à venir en matière de monnaie digitale. Hélas, à force de répétitions, le soufflé retombe…
En habitué de l'événement, François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France, revenait cette année avec des messages déjà entendus par ailleurs. Il réitérait ainsi son intérêt pour la blockchain mais il illustrait son propos avec l'exemple cent fois cité du projet Madre, vieux de bientôt 3 ans, et depuis lequel aucune autre initiative ne semble avoir vu le jour. Puis il rappelait l'annonce récente des expérimentations à venir en matière de monnaie digitale. Hélas, à force de répétitions, le soufflé retombe…
François Villeroy de Galhau, Steven Maijoor, Laurent Nizri |
La discussion entre Anotny Jenkins (président exécutif de 10x) et Jay Sidhu (président de BankMobile) nous donnait une nouvelle rare occasion d'entendre quelques vérités crues, telles que celle-ci, par ce dernier : « les services bancaires sont bons (et profitables) pour les banques mais beaucoup moins pour leurs clients ». Comme tant d'autres, il tire de ce constat la vision qui le guide : toujours placer le client au centre. En revanche, il déçoit quand il la traduit par l'obsession de créer des produits que les clients adorent.
Antony Jenkins, Jay Sidhu |
Le dernier panel sur lequel je m'attarderai a donné lieu à l'ouverture d'une perspective dépassant les problématiques du secteur financier, bien qu'abordée dans le contexte des activités internationales de Western Union et Mastercard, qui y étaient représentées aux côtés de la Fédération bancaire de l'UE (le lobby bancaire européen). Selon Hikmet Ersek (WU), dans un contexte de repli sur soi, à différentes échelles, touchant de nombreuses régions du monde, la globalisation constitue un phénomène irréversible pour la simple raison des moyens de connexion disponibles entre tous les citoyens.
Wim Mijs, Hikmet Ersek, Ann Cairns, Laurent Nizri |
En conclusion, l'impression qui se dégage de ce Paris FinTech Forum 2020 reflète, pour moi, un assagissement considérable du secteur financier. Du côté des startups (présentes), l'heure est à la consolidation des progrès enregistrés, tandis que du côté des grands groupes, il transparait un retour à l'immobilisme, comme s'ils considéraient que la menace de changements radicaux était désormais derrière eux et qu'ils pouvaient revenir à leurs vieilles habitudes, quitte à afficher quelques slogans d'actualité.
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