Le chiffrement est la solution parfaite pour protéger les informations sensibles que nous produisons chaque jour en quantités astronomiques dans l'univers « digital ». Hélas, ce rempart doit être abandonné dès qu'un traitement leur est appliqué. À moins d'utiliser une technologie homomorphique telle que celle que vient de dévoiler IBM.
Quand ils sont correctement mis en œuvre et gérés, les algorithmes cryptographiques actuels offrent une sécurité quasiment inviolable aux données numériques au repos et en transit (c'est-à-dire sur leur support de stockage et pendant leur transfert). En revanche, au moment de leur utilisation, par exemple pour effectuer une recherche, réaliser une analyse statistique, alimenter un modèle d'intelligence artificielle…, il était jusqu'à maintenant nécessaire de les décoder, et donc, dans une certaine mesure, de les exposer au danger d'être prises dans les mailles de quelque filet cybercriminel.
Le principe du chiffrement homomorphique consiste à éliminer ce handicap. Grâce à lui, il devient possible d'exécuter directement les opérations désirées sur les données chiffrées, sans que jamais leur « sens » ne soit accessible et, par conséquent, sans aucun risque de capture ou de détournement, à aucune étape du processus. Imaginé dans les années 70 et implémenté à partir de 2009, avec un niveau de performance alors incompatible avec un déploiement industriel, il atteint la maturité aujourd'hui.
À ce stade encore précoce, IBM propose à ses clients, notamment dans les secteurs de la santé et de la finance, particulièrement concernés par la confidentialité des informations qu'ils manipulent, d'expérimenter ses nouveaux services. Dans cette perspective, l'entreprise met à leur disposition un environnement de test (dans son cloud) et un ensemble d'outils adaptés à différents cas d'utilisation génériques de traitement de données, ainsi qu'un accompagnement dédié, assuré par ses experts.
Avec la multiplication permanente des usages de l'information, en interne et, de plus en plus, par des partenaires externes, afin de personnaliser l'expérience utilisateur, de comprendre et anticiper les attentes des clients, de répondre en temps réel à leurs demandes…, l'approche homomorphique d'IBM est extrêmement prometteuse car elle écarte automatiquement les failles de sécurité qui constituent un des principaux freins à ces applications. En étant, en outre, conçue d'emblée pour résister aux capacités de calcul des futurs ordinateurs quantiques, elle présente des garanties pour l'avenir.
Naturellement, la migration vers cette technologie révolutionnaire, qui n'est d'ailleurs pas totalement prête à ce jour pour une mise en production, prendra de longues années. Même la prédiction de Gartner d'une première appropriation par 20% des organisations en 2025 semble très optimiste. La démarche d'IBM n'est cependant pas à prendre à la légère : les impacts du chiffrement homomorphique sur les pratiques en vigueur, autant en matière de sécurité que d'exploitation des données, requièrent un apprentissage qu'il vaut mieux appréhender tôt pour en tirer les bénéfices rapidement, l'heure venue.
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