Alors que le cours du bitcoin connaît une nouvelle flambée, l'armée vénézuélienne révèle publiquement, sur Instagram, avoir développé une véritable ferme de minage de manière à s'approvisionner en devises et, ainsi, équilibrer son budget. Derrière l'anecdote, se penchera-t-on un jour sérieusement sur l'impact environnemental de cette activité ?
Après avoir lutté contre les cryptodevises, qui permettaient à ses citoyens de disposer d'une réserve d'argent insensible à l'hyperinflation dont souffre le pays, suivi d'une tentative désespérée (et ratée, vraisemblablement par défaut de confiance) de créer sa propre monnaie virtuelle, le Petro, adossé au cours du pétrole (et autres matières premières), les autorités ont donc décidé de s'immiscer dans le réseau du bitcoin, installant des centaines de machines qui participent à son fonctionnement.
Les motivations de cette initiative sont claires (et pourraient certainement justifier certains des arguments aux défenseurs des cryptomonnaies indépendantes). En plein effondrement économique, conséquent à la chute des prix du pétrole, sa principale ressource, doublé d'une crise politique majeure et de sanctions américaines, le gouvernement voit dans le minage de bitcoin un moyen d'exploiter sa richesse énergétique afin d'obtenir les devises dont il a besoin, sans recourir aux marchés.
Si j'écarte (un peu rapidement, il est vrai) le facteur que représente sa difficulté spécifique à trouver des acquéreurs pour son pétrole, le Venezuela est désormais dans une situation où la transformation de l'or noir en or digital, par l'intermédiaire de la production d'électricité et du déploiement d'une batterie de calculateurs dédiés, est devenue plus rentable que sa vente. Ou, pour ramener le débat au sujet qui m'inquiète, la création de monnaie par l'émission de gaz à effet de serre est financièrement optimale.
Alors que tant de voix s'élèvent aujourd'hui pour sonner l'alarme de l'urgence climatique et souligner l'impérieuse nécessité de réduire notre impact environnemental, il semble absurde, et inconcevable, qu'il soit possible de gagner plus d'argent en utilisant les énergies fossiles pour participer à un système monétaire virtuel – donc relativement artificiel – qu'au travers de leurs usages habituels au service de l'économie réelle. Et ce modèle en circuit fermé n'est il pas contradictoire avec les idéaux d'origine ?
Le problème serait sans gravité si le bitcoin restait considéré comme la simple expérimentation qu'il est fondamentalement, en attente de correction de ses défauts résiduels pour en faire un vrai instrument industriel. Malheureusement, même les contributeurs qui travaillent à son amélioration tendent à ne pas prendre suffisamment en compte cette dimension pourtant essentielle d'« impact carbone ». Or, tant que cette faiblesse structurelle ne sera pas résorbée, la cryptomonnaie n'aura pas d'avenir.
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