En attendant que l'industrie abandonne entièrement l'antique pratique du découvert bancaire (ce qui n'arrivera probablement jamais), il reste toujours possible de lui redonner une vertu éthique. L'exemple de la britannique Starling illustre quelques-unes des options disponibles afin d'atteindre un tel objectif, bien qu'il paraisse inaccessible.
Après une incursion dans une combinaison originale avec le prêt à la consommation, aujourd'hui disparue (peut-être en raison des confusions qu'elle entraînait ?), la jeune pousse consacre désormais ses efforts à rendre plus transparentes, plus contrôlables et plus justes les conditions des découverts qu'elle accorde à ses clients, de manière à en faire un outil qui soit véritablement au service de leur bien-être financier et non en priorité une source de revenus opaque… et de mécontentement unanime.
Si la plupart des recettes employées sont connues, voire classiques, c'est leur intégration dans un ensemble cohérent qui donne du corps à la promesse. Ainsi, en premier lieu, le problème est abordé à travers ses deux dimensions principales, avec un accompagnement adapté dans chacune d'elles : en amont, sur les limites, et, en aval, sur l'utilisation du découvert et ses conséquences. L'une privilégie l'anticipation et la prudence, tandis que l'autre apporte une solution quand les circonstances l'exigent.
Concrètement, le client n'est jamais entraîné à son insu dans le dispositif. Il doit, au contraire, déposer une demande explicite et volontaire – affectant son score de crédit – en vue d'obtenir une autorisation de découvert qui, en réalité, ressemble plutôt à une ligne de crédit. Puis, s'il a obtenu une réponse favorable, il se voit attribuer un plafond individuel qu'il peut réduire à sa convenance, depuis l'application mobile de la banque, afin de mieux maîtriser son budget (à l'instar de ce que propose N26 depuis des années).
Lorsque la facilité de trésorerie est mise à contribution, plusieurs mécanismes entrent en jeu dans le but de protéger le consommateur. Comme dans d'autres implémentations à l'état de l'art, une notification est émise immédiatement, offrant une visibilité permanente sur les frais encourus. Cependant, si le détenteur du compte possède également une réserve d'épargne (au sein des « Spaces », dans la terminologie de la startup), ses découverts, à hauteur de cette dernière, sont exemptés de toute facturation.
En complément, les transactions bloquées pour insuffisance de provision n'engendrent aucune pénalité de la part de la banque et les petits dépassements (au-delà du découvert autorisé, donc), quoique totalement exclus en principe, sont tolérés, encore une fois sans coût pour l'usager, notamment dans les cas de paiements hors ligne (par exemple aux tourniquets du métro londonien). Enfin, une orientation vers des organismes d'aide spécialisés est prévue pour les personnes qui peinent à rembourser leurs dettes.
Le tableau n'est pas tout à fait idéal. Il y aurait, entre autres, matière à questionner les taux d'intérêt pratiqués (de 15% à 35% en équivalent annuel, selon le niveau de risque estimé) et on pourrait regretter l'absence de la période de grâce qui réussit si bien dans quelques autres établissements (l'adossement aux « Spaces » pouvant être considérée comme une alternative, plus limitée mais plus efficace). Quoi qu'il en soit, la démarche de Starling constitue un vrai progrès, qui mériterait d'inspirer ses consœurs.
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