Je sais bien que les activités de marché ne sont pas tout à fait de la banque mais n'est-ce pas un domaine dans lequel on imagine que le temps réel est la règle universelle ? Eh bien, détrompez-vous : selon une enquête de Torstone, fournisseur de technologie du secteur, une petite accélération des traitements de compensation pose problème !
En l'occurrence, il n'est pas du tout question d'instantanéité : l'origine des inquiétudes est à rechercher dans la décision américaine de réduire les délais de J+2 à J+1 à partir du 28 mai 2024. Oui, la perspective de procéder aux règlements le lendemain des transactions semble sinon impossible du moins semée d'embûches pour les institutions britanniques (qui sont certes affectées par le décalage horaire… mais évoquent les mêmes préoccupations pour une évolution similaire envisagée au Royaume-Uni).
Les justifications et les excuses ne manquent pas, entre la pression exercée sur les organisations globales (comprendre la coordination entre entités régionales) et le risque de perte d'affaires dans les petites structures, en passant par les incertitudes sur les responsabilités des différentes parties prenantes. Mais l'argument principal de l'opposition, en dépit d'une volonté affichée d'améliorer l'efficacité de l'industrie, est celui de la complexité opérationnelle et technologique du projet et donc des coûts associés.
En arrière-plan, ce sont des processus et des systèmes informatiques généralement anciens, tellement imbriqués les uns dans les autres (notamment en termes d'ordonnancement des tâches, en partie manuelles, durant la période de 48 heures en vigueur aujourd'hui) qu'ils sont devenus inextricables. Le moindre changement est alors susceptible de causer des dysfonctionnements majeurs inacceptables et l'immense chantier que représentent les nouvelles règles a de quoi donner des sueurs froides.
Le plus consternant dans cette histoire, qui pourrait facilement se répéter dans d'autres métiers, est l'inconséquence des acteurs face aux mutations du monde. Il n'est en effet nul besoin d'être devin pour percevoir, depuis au moins une décennie, la tendance à l'accélération des traitements, issue d'une exigence permanente de réactivité : ceux qui se laissent surprendre par une mise en œuvre imposée et se plaignent du peu de temps qui leur est accordé afin de se préparer ne peuvent s'en prendre qu'à eux-mêmes.
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