Alors que l'engouement pour les métavers semble s'être évaporé aussi vite qu'il était apparu, l'industrie financière japonaise, en collaboration avec quelques entreprises technologiques, lance maintenant un ambitieux projet d'infrastructure ouverte à l'intention des plates-formes orientées vers le jeu, aux contours malheureusement assez confus.
Le Ryugukoku (nom provisoire qui, me semble-t-il, signifie quelque chose comme pays du palais du dragon) se présente également, dans une version beaucoup moins poétique, comme une « zone économique du métavers japonais », ce qui donne probablement une meilleure idée des visées de ses promoteurs. On peut ainsi imaginer qu'il s'agit de mettre en place les fondations nécessaires aux échanges commerciaux dans les espaces virtuels, parallèles à celles qui existent dans le monde physique contemporain.
Outre quelques spécialistes du Web3 (dont Fujitsu), qui prendront en charge le développement du socle technique et quelques aspects de pur divertissement, tels que les avatars et autres actifs « digitaux », cinq grands groupes financiers s'impliquent initialement dans le déploiement de plusieurs fonctions essentielles : capacités de paiement, pour les consommateurs et pour les marchands (sous la forme de jumeaux numériques), gestion des identités et de l'authentification, assurances dédiées…
Le tout a vocation à être intégré dans un environnement propre, garantissant une interopérabilité avec (tous ?) les métavers actuels consacrés aux jeux de rôles, chacun d'eux y étant matérialisé par une ville. Le joueur peut se déplacer de l'une à l'autre, en transportant de manière totalement transparente son identité, son porte-monnaie, ses « biens » électroniques… et son avatar, dont il est de plus indiqué qu'il serait auto-apprenant, c'est-à-dire capable d'assimiler son comportement à partir de ses usages.
La connaissance acquise de la sorte pourra non seulement être partagée entre les différents univers reliés au Ryugukoku mais elle sera aussi directement exploitée dans la perspective de délivrer une expérience transverse personnalisée. Cette dernière devrait, par exemple, comprendre des modules d'information et de recommandations précisément adaptés au contexte de chaque individu, dans divers domaines (santé, loisirs…), toujours dans l'approche ludique commune à l'ensemble du dispositif.
En l'état, l'initiative, à la portée limitée aux métavers, relève un peu de l'anecdote. Elle ouvre cependant une fenêtre sur un horizon beaucoup plus vaste, dans la vie réelle : en prolongeant la logique de jumeau numérique, elle pourrait devenir une étape vers la création d'une plate-forme de services extra-financiers, avec ses facilités « portables » d'agrégation d'identité, de paiement et de données personnelles. Un véritable porte-monnaie virtuel universel… dont il reste toutefois à affiner les conditions d'accès.
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