Rendues possibles et viables grâce à la transformation de l'industrie des paiements, les solutions de versement de salaire à la demande ont fleuri au cours des cinq dernières années. Dans un marché surtout occupé par des startups, l'espagnole Santander devient une des premières banques traditionnelles à en proposer sa déclinaison.
Avec CloudPay, du nom du partenaire qui lui fournit sa technologie, l'institution veut mettre à la disposition des PME – à partir de 100 salariés, tout de même – une fonction qui est jusqu'à maintenant plutôt réservée aux grands groupes. Son principe est désormais connu : le collaborateur, armé de l'application mobile dédiée, peut demander le versement de sa rémunération acquise, au fur et à mesure de ses jours de travail, sans attendre la fin du mois (ou toute autre échéance contractuelle).
Une fois mise en place et configurée, selon les règles spécifiques à chaque organisation, la plate-forme de CloudPay prend en charge tous les détails administratifs des opérations. D'une part, elle pilote les paiements vers les comptes des bénéficiaires (depuis ceux de l'entreprise). Par ailleurs, une connexion avec les systèmes de gestion des ressources humaines détermine les droits de chaque utilisateur et gère, entre autres, les régularisations des avances sur les règlements périodiques habituels.
En pratique, l'introduction de cette nouvelle offre s'avère relativement superficielle, aucune intégration n'étant prévue, si ce n'est, vraisemblablement, pour ce qui concerne les interactions avec les comptes des employeurs. L'enrôlement (bien qu'il soit accessible depuis l'espace client de Santander), le déploiement et le support, notamment, sont assurés par la société CloudPay, en totale indépendance.
Ce choix stratégique, malgré tout peu contestable en raison de la complexité du fonctionnement du dispositif (par exemple pour les liens avec les systèmes de paye), aboutit à quelques incongruités, dont la moindre n'est pas le recours aux mécanismes fournis par Visa de règlement sur les cartes des destinataires. On imaginerait que la banque préfèrerait logiquement exploiter ses services de virement instantané… Dans un autre registre, des opportunités risquent de lui échapper, entre autres sur le financement de ces paiements anticipés, pour les structures à la trésorerie tendue.
Enfin, Santander manque une excellente occasion de combler une lacune (classique) dans la solution de CloudPay. Sa position lui procure en effet une légitimité incontestable dans l'accompagnement des individus adeptes du salaire à la demande, afin d'éviter les dérives potentielles, depuis le renforcement des comportements de survie au jour le jour jusqu'aux risques de surendettement. La mise à disposition d'un outil ad hoc, aidant à un usage raisonné, viserait en outre à la fois un objectif éthique et, pourquoi pas, marketing (en conquête de clients, particuliers, d'autres établissements).
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