Ce début d'année marque une évolution notable dans le domaine du PFM ("Personal Finance Management", gestion de finances personnelles), comme ont pu le démontrer 4 sociétés présentes au récent FinovateEurope 2011.
Principale tendance des nouvelles offres dévoilées, les données accumulées via les comptes bancaires des utilisateurs sont analysées et utilisées pour démultiplier la valeur du PFM et ouvrir de nouveaux champs d'application.
Commençons par la française du lot, Linxo, le premier "aggrégateur" de données bancaires de l'hexagone. Contrairement aux autres acteurs cités ici, qui ciblent les banques, la startup veut développer une solution indépendante, sur un modèle proche de celui de Mint.com ou de feu Wesabe aux Etats-Unis.
La plate-forme de Linxo propose [lien PDF] (gratuitement) une connexion aux sites de banque en ligne de la plupart des établissements français, pour automatiquement en extraire les transactions, les catégoriser et les présenter sur un tableau de bord composé de différents widgets facilitant le suivi des comptes et la gestion de budget.
Mais ce n'est pas tout : les concepteurs du système sont conscients de ne pouvoir tout inventer eux-mêmes et ils l'ont donc "ouvert" pour permettre aux partenaires intéressés de créer leurs propres applications (sous forme de widgets additionnels), exploitant (de manière anonyme, espérons) les informations disponibles sur les comptes des utilisateurs. Ils imaginent ainsi l'intégration de programmes de fidélité, d'offres promotionnelles, de fonctions de réseau social... au coeur de la gestion de comptes. Une approche qui rappelle celle de Yodlee et son FinAppStore.
Strands Personal Finance est un autre fournisseur qui a déjà conquis quelques banques européennes (dont BBVA en Espagne et ING aux Pays-Bas).
La jeune société américaine a profité de FinovateEurope pour annoncer une nouvelle application de Business Intelligence, destinée à offrir à ses banques clientes les moyens d'analyser les informations gérées (encore une fois, espérons que celles-ci soit anonymisées) et de donner ainsi aux décisionnaires une vue unique sur leurs clients, leurs comportements et leurs habitudes, et ce à travers tous les comptes qu'ils détiennent et non seulement ceux de la banque...
Lodo Software, autre fournisseur basé au Colorado, présente une solution similaire, baptisée "FI Dashboard", adossée à sa propre plate-forme de PFM.
Dans ce cas, l'éditeur cible des objectifs de marketing et de développement de ventes croisées en incluant des outils qui permettent à ses utilisateurs de définir des campagnes (délivrées sur le site ou par messagerie) basées sur les profils des utilisateurs, eux-mêmes déterminés par de multiples paramètres (avoirs, comptes, transactions, habitudes de dépenses, budget, objectifs financiers...).
Enfin, Meniga, société islandaise visant le marché européen, a été distinguée par un "Best of Show" avec sa solution à mon avis relativement classique, mais qui met tout de même l'accent sur ses fonctions "sociales" et "ludiques", illustrées, par exemple, par les possibilités de comparaison des finances personnelles d'un utilisateur avec celles de ses pairs.
La multiplication des acteurs et, surtout, l'évolution des offres démontrent, à mon sens, que le PFM a franchi une étape dans son développement et que le marché est sur la voie de la maturité. Pourtant, malgré des arguments toujours plus convaincants, il semble que nos banques restent majoritairement sourdes aux attentes de leurs clients et aux propositions des fournisseurs. Au risque de passer à côté d'opportunités que n'hésiteront pas à saisir les acteurs indépendants (comme Linxo)...
Cette possibilité pour l'utilisateur final de pouvoir comparer ses "comportements " avec ses pairs est un service qu'on a pu que rarement observer dans d'autres secteurs que celui de la banque. Je pense notamment à POWEO qui permettait de comparer sa consommation électrique avec des profils équivalents. L'open datas se répand progressivement dans le secteur public.Le privé devrait suivre à sa manière...Car c'est une manière intelligente de redonner du sens à ce fameux "espace client" en y intégrant une dimension horizontale d'aide à la gestion, dépoussiérant ce vieux rapport vertical à la banque ou à la marque...Concernant les banques, elles qui cherchent à mieux fidéliser, ce nouveau mode de PFM est une manne historique, permettant des innovations servicielles comme jamais , non ? Renouveler leur offre de services par des services mieux contextualisés et en phase avec les usages et attentes des consommateurs. Mais le peuvent-elles culturellement et réglementairement ?
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