Profitons de la fin de semaine pour nous éloigner un peu du thème habituel de ce blog, bien que le sujet dont il est question ici puisse aussi trouver un écho dans le secteur financier et que mes réflexions soient applicables dans d'autres contextes.
Dans le cadre du programme "développement de l'économie numérique", le gouvernement vient de lancer un appel à projets pour le déploiement des technologies sans contact (NFC) sur mobile. Ouvert aux collectivités territoriales, il porte prioritairement sur 3 axes : les transports (billetique, stationnement...), les services publics (accès, gestion de plannings...) et l'information (parcours culturels, musées...). Les projets retenus (de 20 à 30) bénéficieront d'une enveloppe globale d'aide de 20 millions d'euros.
L'initiative peut sembler intéressante de prime abord mais elle est pourtant, à mon avis, entâchée de défauts majeurs. Lesquels ?
En premier lieu, une des motivations de l'appel à projet serait "la présence sur le territoire français d'industriels disposant d'une avance technologique qui leur permettrait de se positionner en leaders". En dehors d'Ingenico et, dans une moindre mesure, Gemalto, j'avoue ne pas connaître ces leaders et je ne perçois pas l'urgence à promouvoir ce domaine spécifique de leurs multiples activités. Il existe probablement des enjeux qui échappent à ma naïveté et je ne m'attarderai donc pas sur ces aspects politiques...
Plus symptomatique, alors que l'appel à projets s'inscrit dans l’action "développement des nouveaux usages" du fonds national pour la société numérique, il met l'accent sur la technologie NFC. Naturellement, le constat de départ, d'une pénurie d'usages de masse pour développer le sans contact, est incontestable. Mais l'assertion que "les applications sur téléphone mobile, bâties sur cette technologie, vont modifier profondément le rapport de l'individu avec son environnement" semble très présomptueuse et et, en tous cas, déplacée par rapport aux objectifs affichés.
En effet, rien ne permet aujourd'hui d'affirmer que la technologie NFC sur mobile a un tel potentiel de transformation. Depuis 10 ans, les tests et expérimentations se multiplient, sans résultat probant. En l'état actuel du marché, il s'agit encore d'une solution en quête de problème. Or, quel que soit le secteur, vouloir à tout prix trouver la question à partir de la réponse est une entreprise extrêmement risquée, voire résolument vouée à l'échec.
Inversement, les thèmes cibles de l'appel à projet pourraient profiter de nombreuses autres technologies émergentes (par exemple : codes barre 2D, GPS et géolocalisation...), qui auraient tout autant de pertinence dans le développement de nouveaux usages. Ce sont bien ces derniers qui doivent guider le choix d'une solution et non l'inverse ! L'approche adoptée risque donc de favoriser l'utilisation "forcée" du mobile NFC là où il n'est pas adapté, ce qui nuira inévitablement à la valeur (globale) des projets qui seront finalement retenus.
Il est ironique que l'appel à projet ait été publié le lendemain de l'annonce de Google Wallet. Google est en effet dans une bien meilleure position pour promouvoir l'adoption du sans contact, non seulement parce qu'il est fournisseur de la plate-forme mais également, et surtout, parce qu'il se place justement sur le terrain des services (et non seulement des paiements, comme le laisserait supposer le nom de l'offre).
Dans le cadre du programme "développement de l'économie numérique", le gouvernement vient de lancer un appel à projets pour le déploiement des technologies sans contact (NFC) sur mobile. Ouvert aux collectivités territoriales, il porte prioritairement sur 3 axes : les transports (billetique, stationnement...), les services publics (accès, gestion de plannings...) et l'information (parcours culturels, musées...). Les projets retenus (de 20 à 30) bénéficieront d'une enveloppe globale d'aide de 20 millions d'euros.
L'initiative peut sembler intéressante de prime abord mais elle est pourtant, à mon avis, entâchée de défauts majeurs. Lesquels ?
En premier lieu, une des motivations de l'appel à projet serait "la présence sur le territoire français d'industriels disposant d'une avance technologique qui leur permettrait de se positionner en leaders". En dehors d'Ingenico et, dans une moindre mesure, Gemalto, j'avoue ne pas connaître ces leaders et je ne perçois pas l'urgence à promouvoir ce domaine spécifique de leurs multiples activités. Il existe probablement des enjeux qui échappent à ma naïveté et je ne m'attarderai donc pas sur ces aspects politiques...
Plus symptomatique, alors que l'appel à projets s'inscrit dans l’action "développement des nouveaux usages" du fonds national pour la société numérique, il met l'accent sur la technologie NFC. Naturellement, le constat de départ, d'une pénurie d'usages de masse pour développer le sans contact, est incontestable. Mais l'assertion que "les applications sur téléphone mobile, bâties sur cette technologie, vont modifier profondément le rapport de l'individu avec son environnement" semble très présomptueuse et et, en tous cas, déplacée par rapport aux objectifs affichés.
En effet, rien ne permet aujourd'hui d'affirmer que la technologie NFC sur mobile a un tel potentiel de transformation. Depuis 10 ans, les tests et expérimentations se multiplient, sans résultat probant. En l'état actuel du marché, il s'agit encore d'une solution en quête de problème. Or, quel que soit le secteur, vouloir à tout prix trouver la question à partir de la réponse est une entreprise extrêmement risquée, voire résolument vouée à l'échec.
Inversement, les thèmes cibles de l'appel à projet pourraient profiter de nombreuses autres technologies émergentes (par exemple : codes barre 2D, GPS et géolocalisation...), qui auraient tout autant de pertinence dans le développement de nouveaux usages. Ce sont bien ces derniers qui doivent guider le choix d'une solution et non l'inverse ! L'approche adoptée risque donc de favoriser l'utilisation "forcée" du mobile NFC là où il n'est pas adapté, ce qui nuira inévitablement à la valeur (globale) des projets qui seront finalement retenus.
L'erreur est classique, également en entreprise : combien de fois a-t-on vu déployer un nouveau logiciel, sans analyse préalable des besoins auxquels il devait répondre, finissant dans l'oubli ? L'innovation par les technologies ne peut fonctionner ainsi. C'est bien par une connaissance approfondie des attentes des utilisateurs qu'il faut passer pour trouver la "meilleure" solution. Ou bien, dans les cas de "rupture", par la recherche de l'équilibre "parfait" entre les usages possibles et les technologies disponibles.
Il est ironique que l'appel à projet ait été publié le lendemain de l'annonce de Google Wallet. Google est en effet dans une bien meilleure position pour promouvoir l'adoption du sans contact, non seulement parce qu'il est fournisseur de la plate-forme mais également, et surtout, parce qu'il se place justement sur le terrain des services (et non seulement des paiements, comme le laisserait supposer le nom de l'offre).
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