La Société Générale poursuit ses expérimentations dans les mondes virtuels

Vous souvenez-vous des mondes virtuels 3D ? En 2006-2007, le sujet était au sommet du buzz et les entreprises se grattaient la tête pour imaginer les usages possibles d'une technologie promise à un brillant avenir... Quelques agences bancaires avaient même vu le jour... Puis le soufflé est retombé, Second Life est devenu une niche réservée à quelques habitués et les "innovateurs professionnels" sont passés à d'autres sujets.

Il reste pourtant sur le web quelques traces de cet engouement passager, une des plus remarquables étant certainement l'université des clients du Crédit Agricole Pyrénées Gascogne, initiative récurente apparemment couronnée de succès, qui devrait d'ailleurs être étendue à l'agence Tookam.

La Société Générale est un autre exemple de banque française qui persiste à croire au futur des mondes virtuels. Après une expérimentation (plutôt confidentielle) en septembre 2009, sous la forme d'une réunion interne (et internationale) organisée sur Second Life, son "Laboratoire de l'Innovation Groupe" a lancé un nouveau projet, pour le moins surprenant pour une institution financière, puisqu'il s'agit de concerts virtuels du groupe Urban Sax.

Côté implémentation, le choix du "moteur" Unity 3D prête le flanc à la critique : bien qu'il soit directement ciblé sur le style d'événement dont il est question ici, il ne semble pas parfaitement au point. Sur mon PC, certes peu puissant, les graphiques sont extrêmement pauvres et la fluidité est catastrophique.

Globalement, on peut s'interroger sur la finalité de cette expérimentation pour la Société Générale, qui ne permettra de valider ni un usage bancaire des mondes virtuels, ni une technologie émergente (sauf à constater un échec). Finalement, elle offre surtout, à mon avis, une illustration des limites d'un modèle d'organisation de l'innovation dans une grande organisation.

Une "direction de l'innovation groupe" n'a en effet probablement pas vocation à réaliser des projets autonomes, fatalement sans grande pertinence, et devrait plutôt "se contenter" d'un rôle d'animation transverse, diffusant des bonnes pratiques, favorisant le partage et la fédération d'idées dans tous les compartiments de l'entreprise (et avec les acteurs externes) et assurant promotion et sponsoring de projets concrets et ciblés, proches des métiers (variés) de la banque.